Ce mercredi 5 avril, le Ministre des armées a révélé de manière voilée, preuve d’une difficulté, le chiffre qui doit être consacré à la dissuasion nucléaire sur la nouvelle Loi de programmation militaire : « La dissuasion est une part importante, c’est 13 % de l’enveloppe globale ».
Cette enveloppe étant de 413 milliards d’euros, la France va donc consacrer la somme faramineuse de 53,69 € milliards d’euros pour poursuivre sa politique de modernisation et de renouvellement de son arsenal nucléaire. Donc une moyenne annuelle de 7,67 Mds € par an, alors que pour 2023 le budget est « seulement » de 5,6 Mds €.
Pour Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France « le ministre était très clairement mal à l’aise pour annoncer aux français.e.s cette dépense publique majeure de 53 Mds €, ce qui explique son annonce en pourcentage. Cette dépense s’inscrit dans un programme de renouvellement lancé dès 2014 et démontre la volonté de l’État français de pérenniser sa possession d’armes nucléaires. Ceci est en totale contradiction avec l’esprit et la lettre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), et s’inscrit toujours contre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), nouvelle norme internationale adoptée par 122 États au sein des Nations unies ».
Pour Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements et co. porte-parole de ICAN France « Le ministre a reconnu que « la dissuasion nucléaire n’est pas consensuelle dans notre pays », mais s’il ne refuse pas le débat sur ce sujet, il souhaite que celui-ci soit à huis clos. Cette attitude s’inscrit dans l’absence de transparence des documents délivrés aux parlementaires, ceux-ci ayant eu moins de 24 H pour les étudier – notamment une étude d’impact qui compte pas moins de 376 pages – et s’apercevoir au final qu’il n’y avait aucun chiffre lié à la dissuasion. Drôle de vision de faire vivre la démocratie ».