Dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, le gouvernement français organise deux réunions à Brest entre les 12 et 14 janvier 2022 ou seront conviées les 27 ministres de la défense et les 27 ministres des affaires étrangères.
Le choix de cette ville vient dans le prolongement des discours du président Macron à la Sorbonne (2017) relatif à l’Initiative européenne d’intervention et de son discours sur la dissuasion (2020) ou il exprime une volonté de créer une culture stratégique européenne qui repose, de manière formelle, sur la politique de dissuasion nucléaire de la France. Une telle politique viendrait en totale contradiction avec l’accession de plusieurs États européens au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires entré en vigueur le 22 janvier 2021 auquel la France s’oppose.
- « Une semaine après sa déclaration, avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui affirme qu’une « guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée », l’hypocrisie de la France se confirme. La présidence française a choisi Brest, cœur de son arsenal nucléaire pour discuter défense et relations internationales. Le « en même temps » est ainsi de rigueur, avec la volonté ferme d’européaniser la dissuasion française ; ceci alors même qu’une partie des États de l’UE rejette les armes nucléaires et que le droit international au titre du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) rend illégal ces arsenaux, comme la politique de dissuasion. La manifestation de ce 9 janvier à Brest, co-organisé par notre campagne, a montré une opposition à ces armes et à cette vision sécuritaire de l’union européenne », déclare Jean-Marie Collin expert et co-porte-parole de ICAN France.
- « À l’heure de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) la France s’enferme dans une démarche jusqu’auboutisme en accueillant sa première réunion des ministres de l’Union européenne dans la ville la plus nucléarisée d’Europe ; la base des sous-marins nucléaires de l’ile longue entreposant plus de 200 armes nucléaires, soit une puissance de plusieurs milliers de kilotonnes. La France doit inscrire sa présidence sur les sujets de défense et de relations internationales en respectant, d’une part, ses propres engagements de désarmement pris notamment dans le cadre du Traité de non-prolifération (TNP) et, d’autre part le nouveau cadre juridique international créé par le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et non en promulguant une politique favorable aux armes de destruction massive », souligne Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements et co-porte-parole de ICAN France.