Ce 5 mars 2020, marque le 50e anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité de non-prolifération nucléaire. La conférence d’examen quinquennale du Traité de non-prolifération (TNP) commencera dans moins de deux mois (27 avril-22 mai) et tout montre que la France, comme les autres États nucléaires, renonce à prendre des mesures pour mettre en œuvre le désarmement nucléaire et rend ainsi plus vulnérable la sécurité collective mondiale.
Le TNP repose sur trois piliers (désarmement nucléaire, non-prolifération nucléaire et utilisation pacifique de l’énergie nucléaire) dont l’équilibre est aujourd’hui largement menacé par l’absence de respect des obligations de désarmement contenues dans le traité, comme les mesures adoptées dans les plans d’action des conférences d’examen de 1995, 2000 (12 étapes) et de 2010 (22 mesures)
Ce « rempart irremplaçable », comme le qualifie la diplomatie française (M. Nicolas de Rivière, Conseil de sécurité, 26 février 2020), est fragilisé par ceux là même qui prétendent le protéger…
En effet, alors que 2020 marque aussi le 25e anniversaire de la prolongation illimitée du TNP, Patrice Bouveret observe que « les puissances qui détiennent des armes nucléaires modernisent toutes et conservent une politique de dissuasion comme pilier central de leur politique de défense ». La France ne cesse ainsi d’augmenter son budget annuel consacré à ses forces de dissuasion (4,45 Mds € en 2020 pour parvenir à 6 Mds en 2023) pour renouveler les deux composantes nucléaires.
Outre le non respect des obligations de l’article 6 du TNP, le discours sur la dissuasion du Président Macron (7 février) est pour Jean-Marie Collin un « appel très clair à rompre avec l’esprit de ce texte comme à alimenter la course aux armements ». En effet en proposant aux « partenaires européens » de s’associer aux exercices français de simulation de frappe nucléaire, la France engage des États à accepter de préparer une catastrophe humanitaire et ne peut créer chez d’autres acteurs internationaux que de la défiance.
La Campagne ICAN France regrette cette remise en cause directe du principal régime de non-prolifération nucléaire, dont l’affaiblissement ne peut que provoquer une plus grande instabilité mondiale. Une action poursuivie également par la France en ne cessant de dénoncer le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) adopté à l’ONU par 122 États le 7 juillet 2017, véritable instrument juridique de la mise en œuvre du pilier sur le désarmement du TNP…
Il ne tient qu’a la France de corriger son positionnement en cette année du 75e anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki et de rendre ainsi véritablement hommage à toutes les victimes des armes nucléaires.