Alors que le président Macron célèbre la dissuasion dans ses vœux aux armées, impliquant une forte hausse des crédits pour cette force (plus de 6 milliards d’euros par an) ; la Campagne ICAN France, composée de nombreuses organisations et personnes, va célébrer à travers la France (Lyon, Paris, Tours, Dijon, Nancy…) ce 22 janvier 2023, le deuxième anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité des Nations unies sur l’Interdiction des armes nucléaires (TIAN). Inscrit désormais dans le droit international, ce traité juridiquement contraignant vient renforcer la lutte contre la prolifération nucléaire et engager le processus de désarmement. À ce titre, les banques françaises et institutions financières sont appelées à respecter cette nouvelle norme en mettant un terme à leur finance radioactive.
Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires compte 68 États parties et 92 États signataires. En vigueur, depuis le 22 janvier 2021, il interdit globalement les armes nucléaires (article 1) et notamment la possession, l’emploi, la menace d’utilisation (la stratégie de dissuasion nucléaire), mais également le financement de ces armes. En effet, il aurait été illogique d’interdire la production de ces systèmes d’armes, sans en interdire le financement qui contribue à la réalisation de cette production et donc à créer une insécurité mondiale.
En France, les principales sociétés impliquées dans le financement de cette « industrie des armes de destruction massive » sont (notamment) la BNP Paribas, le Crédit agricole, la Société générale, le Crédit mutuel, la Banque populaire ou encore la Caisse d’épargne qui ont investi entre janvier 2020 et juillet 2022 plus de 35 milliards d’euros dans les sociétés qui participent à la modernisation et au renouvellement de la force de dissuasion française (comme Airbus, EADS, Safran, Thalès, Leonardo, Naval Group), britannique (BAE Systems) et des États-Unis (Boeing, Northrop Grumman).
Toutes ces banques ont une attitude cynique. Si elles qualifient les armes nucléaires d’armes « controversées » (pour la BNP), de « destruction massive » (pour le CIC) ou encore « d’arme sensible » (le Crédit mutuel), elles ont choisit de rester dans l’illégalité et investissent sur le risque d’une guerre nucléaire pour faire des profits radioactifs, grâce à l’argent de leur client.
Le greenwashing est au cœur de leur pratique, à l’image du Crédit Mutuel qui se vante de vouloir allouer 500 millions € par an pour des projets environnementaux, mais a investi plus de 1 761 millions € dans les entreprises qui apportent une contribution substantielle à la production de systèmes d’armes nucléaires.
Nous appelons à une vaste mobilisation de tous les clients de ces banques en protestant – tout comme ils l’ont déjà fait avec succès sur les investissements sur le charbon, huile de palme… — à faire pression pour qu’elles adoptent le TIAN et engagent un processus de désinvestissement, comme l’ont déjà réalisé de nombreuses grandes institutions financières européennes : la Deutsche Bank (en Allemagne), la KBC (en Belgique), le plus grand fonds de pensions au monde Den Norske Bank (en Norvège)…
Informations :
- Programmes des rassemblements à travers la France
- Brochures « Arrêtons de financer les armes nucléaires », janvier 2023
communiqué de presse, 20 janvier 2023