Plus de 50 ans après le dernier essai nucléaire français au Sahara et à l’occasion du 29 août, consacrée par l’ONU « Journée internationale contre les essais nucléaires », le passé nucléaire de la France ne doit plus rester enfoui dans les sables. Il est temps de déterrer les déchets — provenant des 17 essais nucléaires réalisés entre 1960 et 1966 par la France au Sahara — pour assurer la sécurité sanitaire des générations actuelles et futures, préserver l’environnement et ouvrir une nouvelle ère des relations entre l’Algérie et la France.
La France, avec ses 210 essais nucléaires — dont 17 au Sahara algérien —, n’a pas encore révélé tous ses secrets, comme l’expose une nouvelle étude « Sous le sable la radioactivité : Les déchets des essais nucléaires français en Algérie : Analyse au regard du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires » réalisée par Patrice Bouveret directeur de l’Observatoire des armements et par Jean-Marie Collin co-porte-parole de ICAN France. Une étude publiée par la Fondation Heinrich Böll.
Si en effet on connaît le nombre d’essais nucléaires réalisé par la France en Algérie (de 1960 à 1966), ainsi que les principaux accidents qui ont eu lieu, on ignore que les générations actuelles et futures et l’environnement du sud algérien restent soumis aux déchets, notamment radioactifs, présents sur ces sites. Cette étude dresse ainsi un premier inventaire de ce qui a été volontairement laissé (déchets non radioactifs, matériels contaminés par la radioactivité, matières radioactives issues des explosions nucléaires) et enfouies sous le sable « du simple tournevis contaminé par la radioactivité, aux avions et chars ».
Cette étude montre également comment le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), qui inclut des obligations positives (articles 6 et 7), est une réponse pour faire évoluer cette problématique humanitaire et sanitaire. Cette étude doit également être rapprochée avec le travail mémoriel de « vérité » entre les peuples français et algérien mise en place avec la nomination de personnalités (Benjamin Stora et Abdelmadjid Chikhi) des deux pays.
Le « passé nucléaire » ne doit plus rester profondément enfoui dans les sables.
Version téléchargeable : en français, en anglais et en arabe
Nous remercions la Fondation Heinrich Böll qui nous a permis de réaliser ce travail de recherche et de publication de l’étude et sa traduction en anglais. La version en langue arabe a put être réalisée grâce à la contribution de M. Mounir Satouri, membre du Parlement européen du Groupe des Verts/ALE.