La 3e Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), c’était aussi ça : une délégation Lors de cette 3e Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), ICAN France a mobilisé une délégation intergénérationnelle portée par une même détermination : défendre un monde sans armes nucléaires. Les rencontres et les échanges inspirants des conférences parallèles et des moments clé de cette semaine à l’ONU ont été retranscris par Aymeric Paccoud, dessinateur de ICAN France, pour permettre à un large public de découvrir et d’apprendre d’une autre façon les raisons d’engager la France dans la voie du TIAN.
Jour 1 : ICAN Campaigner Forum
Avant l’ouverture officielle de la troisième réunion des États parties au TIAN, la délégation d’ICAN France a participé au ICAN Campaigner Forum ! Une journée qui a rassemblé des partenaires et alliés du monde entier, engagés pour l’élimination des armes nucléaires et la justice pour les victimes des bombardements et essais nucléaires. Discussions, partages d’expériences et stratégies communes étaient au cœur des échanges, renforçant notre mobilisation pour les jours à venir.
Jour 2 : Ouverture de la 3MSP
La délégation d’ICAN France a assisté aux deux sessions de la réunion des États parties au TIAN, où diplomates, experts et survivants des armes nucléaires ont rappelé un message clé : les armes nucléaires ne doivent pas seulement être contrôlées, elles doivent être éliminées. Retrouvez le message de Melissa park directrice de ICAN Internationale et de Izumi Nakamitsu Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement.
Nous avons également participé à une conférence parallèle crucial sur les impacts de l’extraction et du traitement de l’uranium sur les peuples autochtones du sud-ouest des États-Unis. Les intervenants, issus de nations tribales d’Arizona et du Nouveau-Mexique – dont Peluche Gilbert ici et ici – ont partagé leurs expériences et alerté sur les effets toujours présents de l’extraction de l’uranium et des essais nucléaires atmosphériques menés pendant la Guerre froide. Un rappel essentiel que les communautés touchées par tout le cycle du nucléaire doivent être reconnues dans l’application des articles 6 et 7 du TIAN.
Jour 3 : Les voix des hibakusha et de la jeunesse à l’honneur
Cette journée a été marquée par des témoignages forts et des discussions engagées autour de la justice et du désarmement. Les hibakusha et la jeunesse (près de 120 jeunes activistes réunis) ont pris la parole pour rappeler l’urgence de l’abolition des armes nucléaires et la nécessité de transmettre leur combat aux nouvelles générations et pour unir leurs voix pour réclamer un monde sans armes nucléaires.
- Il a été présenté « le Tribunal du Peuple », un événement dédié à la future initiative juridique qui, en 2026, visera à tenir les États-Unis légalement responsables des bombardements atomiques de 1945. Organisé par les victimes coréennes de la bombe et plusieurs organisations, ce tribunal cherchera à reconnaître l’illégalité de l’usage et de la menace nucléaire, hier comme aujourd’hui.
Le mardi 5 mars, ICAN France a réalisé une conférence parallèle : « État des lieux des conséquences humanitaires et environnementales des explosions nucléaires françaises en Algérie ». Nous avons dressé un état des lieux des conséquences encore visibles de ces essais, en abordant :
✔️ L’impact sur les populations et l’environnement
✔️ L’application de la loi française sur les victimes des essais nucléaires
✔️ Les actions de remédiation environnementale entreprises par l’Algérie
✔️ Les dynamiques diplomatiques entre la France et l’Algérie
Avec les interventions de :
- Léna Mentzinger – ICAN France
- Guy Benarroche – Sénateur français
- Dr. Marcos A. Orellana – Rapporteur spécial de l’ONU sur les toxiques et les droits humains
- Jean-Marie Collin – Directeur d’ICAN France
Un échange crucial qui rappelle la nécessité d’une reconnaissance pleine et entière de cet héritage nucléaire et de ses victimes.
Jour 4 : Projection de “JARA – Radioactive Patriarchy: Women of Qazaqstan”
La projection du documentaire “JARA – Radioactive Patriarchy: Women of Qazaqstan”, réalisé par Aigerim Seitenova et porté par le Qazaq Nuclear Frontline Coalition a montré cet héritage invisible et destructeur
qu’est la radioactivité. Pendant 40 ans, le site d’essais nucléaires soviétique de Semipalatinsk (18 000 km2) a exposé les populations kazakhes à des niveaux de radiation catastrophiques. Aujourd’hui encore, les effets se transmettent de génération en génération : malformations congénitales, cancers, souffrances invisibilisées. Le film met en lumière une réalité trop souvent ignorée : le poids du patriarcat dans la gestion des conséquences sanitaires des essais nucléaires. Les témoignages poignants de femmes kazakhes révèlent comment leurs douleurs, notamment liées aux grossesses affectées par la radioactivité, ont été niées ou minimisées par les autorités et le monde scientifique. La lutte pour la justice nucléaire passe par l’écoute des victimes et la dénonciation des injustices systémiques. Le combat pour un monde sans armes nucléaires est aussi un combat féministe et décolonial.
Jour 5 : Construire un avenir de paix : un impératif face à la menace nucléaire
Cette cinquième journée du 3MSP a été l’occasion de rappeler pourquoi nous nous battons : pour un monde libéré de la menace des armes nucléaires, où les générations futures pourront grandir en sécurité. Lors d’une conférence parallèle dédiée aux enfants, il a été présenté une réalité alarmante, en cas d’attaque nucléaire, les enfants et les nourrissons subiraient les pires conséquences. Pour rappel au moins 38 000 enfants sont morts lors des destructions des villes d’Hiroshima et de Nagasaki. Plus vulnérables aux radiations, plus exposés aux blessures, et totalement dépendants des adultes pour leur survie, ils sont les premières victimes d’un monde où la dissuasion prime sur l’humanité.
Jour 6 : Fin de la 3MSP, mais pas de notre engagement !
Après six jours de discussions, de témoignages et de mobilisation, la 3e Réunion des États parties au TIAN se clôture, notamment avec une déclaration conjointe de ICAN France et de ICAN Allemagne qui ont rappelé une vérité essentielle : « la dissuasion ne garantit pas la sécurité, elle perpétue une menace existentielle ; la dissuasion nucléaire n’est pas une solution, elle fait partie du problème. »
Les États engagés dans le TIAN, la société civile et les survivants des armes nucléaires ont montré la voie, malgré les difficultés : chaque voix compte, chaque action rapproche un peu plus l’humanité d’un futur où ces armes de destruction massive appartiendront enfin au passé. Ce combat est bien une responsabilité intergénérationnelle, et nous continuerons à porter la voix des plus vulnérables.
Et si vous vous voulez aller plus loin, retrouver nos vidéos : « Trois minutes avec »
- Mirella, jeune activiste engagée pour le désarmement nucléaire chez IDN, association membre de notre campagne ;
- Guy Benarroche, sénateur français présent à la 3MSP et engagé sur le désarmement nucléaire ;
- Tevaearai Puarai, président de l’association polynésienne Moruroa e Tatou ;
- Hinamoeura Morgant-Cross, représentante à l’Assemblée de Polynésie française et militante pour la justice nucléaire ;
- David Gaillot, activiste pour le désarmement nucléaire et étudiant à sciences ;
- Dr. Marcos A. Orellana, rapporteur spécial de l’ONU sur les toxiques et les droits humains.