Ce jeudi 2 mai 2019, par un beau matin newyorkais, j’ai eu l’honneur de rencontrer des survivants des bombardements nucléaires du Japon.
Après trois jours de participation aux réunions de la troisième conférence de préparation de la conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, avec d’autres jeunes (d’Allemagne, des Etats-Unis, du Japon, des Pays-Bas) nous avons eu la chance d’entendre et de rencontrer des Hibakusha, au sein du Comité international de la Croix Rouge, qui nous ont livré leur témoignage bouleversant.
Hibakusha est un terme d’origine japonaise, démocratisée mondialement, qui désigne les personnes affectées par la bombe nucléaire.
Avec un sourire dessiné sur leurs lèvres, Messieurs Hamasumi Jiro et Sueichi Kido, Secrétaire général et Secrétaire général adjoint de la Confédération japonaise des organisations de victimes des bombes A et H, continuent avec d’autres survivants, leurs efforts pour épargner aux générations futures les souffrances causées par les armes nucléaires. Les hibakusha, dont la moyenne d’âge dépasse les 80 ans, essayent de créer un monde sans armes nucléaires afin que les générations futures soient libérées de la peur de vivre un nouvel enfer sur terre. Animés par un fort sentiment de responsabilité, ils considèrent qu’ils ont la mission de transmettre avec les adultes du monde entier « à nos enfants un ciel bleu et dégagé, exempt d’armes nucléaires et de guerres ».
Anxieux de parler du passé, M. Sueichi Kido âgé de 79 a ouvert son cœur à notre groupe de jeunes venant des quatre coins du globe. Il avait 5 ans lorsque la bombe fut larguée. Malgré le fait que sa famille ait déménagé juste après la catastrophe et qu’il n’a su qu’il était un hibakusha qu’à l’âge de 12 ans, il a toujours eu des crises d’asthme. Quelque chose « dans sa tête » lui disait qu’il n’était pas un enfant ordinaire…
Jiro Hamasumi fait partie des 7200 hibakusha exposés in utero à la bombe larguée sur Hiroshima en 1945. Il se souvient avoir grandi en regardant le portrait de son père qui a disparu et les difficultés auxquelles sa mère a été confrontée en élevant sept enfants.
Cette rencontre dans le monde du multilatéralisme des Nations Unies fut un souffle d’air pur ou un supplément d’âme aux discours sans âmes de certaines délégations. Ce fut une rencontre pleine d’émotions, où les larmes se mélangeaient aux rires, l’espoir à la frustration et la colère au pardon. Je savais que les armes nucléaires ont des effets dévastateurs sur les biens, mais ses effets sur les âmes sont indescriptibles.
Avant cette rencontre j’avais peur de ne pas survivre si une explosion nucléaire avait lieu. Après cette rencontre, j’ai peur d’y survivre ! Survivre à une explosion nucléaire est beaucoup plus difficile que de mourir…
Par Amel Mejri, Tunisie, participante de ICAN France à la Prepcom 2019
Merci, à la fondation Heinrich-Böll-Stiftung pour le soutien apporté à ce projet.