Jeudi 26 septembre 2013, une réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire sera organisée au début de la 68ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York. Les chefs d’États et de gouvernements, et autres représentants de haut niveau devront présenter leur politique et leurs priorités en matière de désarmement nucléaire. C’est la première fois qu’un tel évènement est organisé. Il démontre l’urgence de relancer l’action mondiale pour le désarmement nucléaire.
Les armes nucléaires sont les instruments de destruction massive les plus dévastateurs, inhumains et aveugles que l’homme ait jamais créés. Le terme de « conséquences humanitaires catastrophiques » – maintenant couramment utilisé par les gouvernements – définit leurs effets uniques et horribles sur les populations civiles. L’utilisation d’une arme nucléaire dans une zone habitée tuerait immédiatement des centaines de milliers de civils – femmes, hommes et enfants. Plusieurs milliers d’autres resteraient en vie, mais seraient gravement blessés, aveuglés, brûlés. Les effets immédiats de l’explosion d’une seule bombe nucléaire sont insoutenables et vont bien au-delà de ce que l’on peut considérer comme acceptable en terme de « dommage collatéral », même en temps de guerre :
L’éclair de l’explosion aveuglera les personnes, son souffle démesuré détruira la ville, la chaleur accablante et les incendies provoqués feront fondre la plupart des infrastructures. Ceux qui survivraient à leurs brûlures seraient, pour la plupart, empoisonnés par les retombées radioactives qui se poursuivraient dans les jours et les semaines suivant l’explosion.
Les médecins ont depuis longtemps documenté les conséquences médicales de la guerre nucléaire, concluant que la survie et la sécurité humaine dépendent de l’élimination totale de ces armes indéfendables. Une guerre ou un accident militaire aurait des conséquences économiques, environnementales et humanitaires qui dépasseraient largement la seule zone de l’explosion.
Même si ces armes n’ont plus jamais été employées depuis les bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki (6 et 9 août 1945) ; Plus de 2 000 essais nucléaires ont été réalisés depuis cette date avec des conséquences sanitaires et environnementales graves. Des régions et des communautés entières souffrent encore de ces expérimentations nucléaires. Malgré cette réalité du danger et en dépit des initiatives en cours en faveur du désarmement nucléaire, la poursuite de la modernisation des arsenaux, l’augmentation des risques de prolifération et d’utilisation des armes nucléaires est réelle.
La Campagne Internationale pour l’abolition des Armes Nucléaires (ICAN), à travers sa branche française, a demandé à François Hollande de s’assurer que la France participe à cette réunion et appelle son représentant à :
- Reconnaître que toute utilisation des armes nucléaires aurait des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques ;
- Reconnaître qu’il existe un impératif humanitaire d’interdire les armes nucléaires ;
- Reconnaitre que les États dotés d’armes nucléaires ont une obligation de les éliminer complètement ;
- S’engager à soutenir un processus multilatéral de négociations d’un traité interdisant les armes nucléaires, pouvant créer les conditions de mise en œuvre des obligations de désarmement déjà inclues dans le Traité de non-prolifération (TNP), et à poursuivre un lobbying actif auprès des États non membres du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), pour que celui-ci prenne force de loi.
De plus, dans le cadre des réunions du TNP, 80 États, menés par l’Afrique du Sud, ont réaffirmé que tout emploi des armes nucléaires engendrerait des conséquences inacceptables à travers « une immense et incontrôlable capacité destructive frappant de manière indiscriminée ». Une nouvelle conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires est prévue à Mexico en février 2014 ; preuve d’un engouement international sur ce sujet.
Ces derniers mois, l’ONU a également accueilli les travaux d’un Groupe de travail à composition non limitée (OEWG) pour faire progresser les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire. Malheureusement, la France n’y a pas participé, tout comme les États-Unis, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni.
L’impasse actuelle des processus de désarmement nucléaire exige d’explorer, et de soutenir, de nouvelles solutions pour parvenir à des résultats concrets et prévenir une catastrophe humanitaire.
C’est la responsabilité de l’ensemble des États que d’agir sans attendre. En tant que détentrice de l’arme nucléaire, c’est aussi la responsabilité de la France.
Dans un monde où trop d’hommes et de femmes luttent pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, et offrir à leurs enfants les moyens de choisir leur avenir loin de la violence ou de la faim, les armes nucléaires apparaissent comme un héritage d’un autre âge, faisant peser une lourde menace sur les citoyens de nos pays.
A l’instar d’autres combats qu’elle mène pour empêcher l’emploi des armes de destruction massive, et en faveur de la sécurité humaine, il est temps pour la France d’agir pour des progrès visibles en faveur de l’élimination des armes nucléaires, et de soutenir, à New York le 26 septembre, un processus multilatéral de négociations d’un traité interdisant les armes nucléaires.
Pour ICAN France :
Patrice Bouveret, Observatoire des armements,
Sylvie Brigot-Vilain,
Michel Cibot, AFCDRP-Maires pour la Paix France,
Jean-Marie Collin,
Nathalie Gauchet, Le Mouvement de la Paix,
Dominique Lalanne, Armes nucléaires STOP,
Pierre Villard.