Il n’est nullement besoin de détailler ces horribles événements survenus il y a de cela 73 ans sur les 2 villes japonaises Hiroshima et Nagasaki, dont nous avons tous pris connaissance d’une manière ou d’une autre. Jamais l’histoire n’avait vu l’homme provoquer en un clin d’œil une telle tragédie, ayant des effets désastreux sur la vie humaine, la santé, l’environnement, etc.
C’est donc à partir du moment où les bombes nucléaires Little boy et le Fat Man ont été larguées sur ces deux villes que la communauté internationale a pris connaissance des risques et des effets dévastateurs des armes nucléaires et a cherché, au fil des années, des moyens d’empêcher tout nouveau recours à ces armes destructrices. Au regard de ce fait, elle a notamment mis en place le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) le 07 juillet 2017.
Cependant, il est déplorable de voir, à l’heure actuelle, certains Etats s’opposer à une telle initiative et le plus fâcheux c’est la position des cinq pays possédant officiellement les armes nucléaires, qui comptent maintenir leur doctrine de dissuasion nucléaire pour garantir la sécurité de leur nation, alors que celle du monde est menacée. Nous n’ignorons pas que les Etats agissent en fonction de leurs intérêts, toutefois, pour ce qui est de l’arme nucléaire, les intérêts des Etats doivent céder le pas aux intérêts de l’humanité.
Il apparait alors de manière manifeste, aux yeux de l’opinion publique et des Etats non nucléaires que les puissances nucléaires tiennent absolument à conserver leur force de frappe, tout en l’interdisant aux autres. Du reste, au nom de quel argument moral, les Etats dotés de l’arme nucléaire (EDAN) continuent-ils de justifier la possession et le perfectionnement de leur arsenal, tout en faisant valoir auprès des autres les avantages de la non-prolifération. Si l’arme nucléaire est bonne, alors elle l’est pour tous et si elle est mauvaise, elle l’est pour tout le monde. Ce deux poids-deux mesures, imposés par les grandes puissances n’est pas soutenable. Cette doctrine est un facteur de prolifération nucléaire.
La lutte contre le terrorisme fait partie de la panoplie des arguments pour la dissuasion. Nous estimons que cet argument n’est pas crédible car s’il y a bien un domaine dans lequel les armes nucléaires ne dissuadent personne, c’est dans la lutte contre le terrorisme. Rappelons les événements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et du 13 novembre 2015 en France. Tout l’arsenal nucléaire de ces puissances n’a servi à rien et n’a dissuadé personne. Cette doctrine implique par elle-même la préméditation d’un crime contre l’humanité. C’est une fausse valeur qui est simplement dangereuse et coûteuse.
Par ailleurs, il convient de souligner que le désarmement nucléaire est un impératif non seulement humanitaire, mais aussi juridique puisque l’article VI du Traité de non-prolifération (TNP) comporte une double obligation, d’abord de comportement (négocier de bonne foi) et ensuite de résultat précis (conclure un traité de désarmement général et complet), Les Etats et particulièrement ceux dotés d’armes nucléaires sont soumis à l’obligation de parvenir au désarmement nucléaire au titre de l’article VI du TNP. Ils doivent donc avoir à l’esprit que dès le moment où ils ont ratifié ce traité, ils ont accepté d’être liés et par voie de conséquence obligés de l’exécuter ; conformément aux principes fondamentaux du droit des traités, l’exécution de bonne foi et le respect de la règle pacta sunt servanda.
Il sied de faire remarquer que rien de majeur ne pourra être réalisé en matière de désarmement nucléaire sans la participation des EDAN. En tant que puissance nucléaire, ils ont une responsabilité morale à agir. Si non, comment entamer le désarmement sans la participation de ceux qui détiennent l’armement.
73 ans après Hiroshima et Nagasaki, il est temps de mettre fin à l’arme nucléaire. C’est le meilleur moyen de protéger le monde contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes et aussi d’honorer la mémoire des victimes, il s’agit là d’un intérêt légitime.
Ces perspectives suffisent à engager, urgemment, un désarmement nucléaire total et irréversible. Il faut maintenant aller au-delà des déclarations d’intention et passer à l’action.
Au nom de la solidarité humaine, des âmes des victimes des bombardements de Hiroshima, de Nagasaki et des hibakushas (survivant des bombardements atomiques) nous devons éliminer ce mal absolu qu’est l’arme nucléaire.
Ainsi donc, arrêtons de perdre le temps à nous interroger, à engager des réflexions sur les avantages et inconvénients de ratifier le TIAN puisque nous n’ignorons pas que ces armes violent le droit international et le droit international humanitaire, en raison des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques d’une éventuelle utilisation intentionnée ou accidentelle. Nous estimons que la seule manière d’assurer la sécurité de tous autrement que par la terreur que nous apporte ces armes est de parvenir à leur élimination et interdiction totale. Nous exhortons et lançons un appel aux Etats qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le TIAN, c’est qui est, la meilleure manière de rendre hommage aux victimes d’Hiroshima et de Nagasaki, car ceci mettra fin à l’instrument qui les a dévasté.
Par Christella Motandi, participante à la ICAN Académie Francophone