Le 13 février 1960, la France réalisait son premier essai nucléaire, suivi de 16 autres jusqu’au 16 février 1966. Les conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires pour les populations sont toujours présentes, notamment des tonnes de déchets nucléaires laissés sur place ou enterrés, par les autorités françaises, comme nous le révélions en 2020. Depuis aucune avancée, malgré des questions et tribunes parlementaires. L’Élysée se confond dans le plus grand silence.
Pour Patrice BOUVERET, directeur de l’Observatoire des armements, « L’État français a toujours affirmé avoir pris toutes les précautions et que ses essais nucléaires étaient « propres ». Or nous savons que c’est faux au vu des accidents (notamment Béryl, 1er mai 1962). Le silence reste le maître mot du ministère des Armées, des Affaires étrangères et de l’Élysée. Il aura ainsi fallu attendre mai 2021, pour que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères annonce que la 17e réunion franco-algérienne a eu lieu à Paris à propos de la réhabilitation des anciens sites d’essais nucléaires français en Algérie. Une première depuis la mise en place du groupe de travail mixte en 2008. Mais nous n’avons pas d’autres informations. Cette absence de transparence — de la part des autorités françaises comme algériennes — ne permet pas de savoir où se situe le blocage, ni pourquoi aucun accord n’a été trouvé depuis toutes ces années ? Est-ce un problème technique, une question de coûts des opérations ou un manque de volonté politique ? »
Pour Jean-Marie COLLIN, expert et porte-parole de ICAN France, « La France doit prendre ses responsabilités. Pourquoi refuser de donner des cartes des déchets nucléaires enterrés en Algérie par les militaires français en 2022 ? Où est la justification ? Le « en même temps » du président Macron est une réalité sur ce sujet. D’un côté, nous observons positivement l’ouverture des archives sur les essais nucléaires en Polynésie, et en même temps les archives sur la période des essais nucléaires de la France en Algérie restent fermées. Pourquoi continuer de faire peser sur ces populations des risques sanitaires, transgénérationnels et environnementaux ? »
WEBINAIRE, 16 février : Une année après le dépôt du rapport « les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie » au Président de la République, réalisé par M. Benjamin STORA, et alors que va être commémoré en Algérie le premier essai nucléaire de la France (13 février 1960) ; ICAN France et l’Observatoire des armements organisent un webinaire le mardi 16 février (18H30) pour débattre des conséquences et des avancées réalisées suite aux préconisations de cette publication. Inscription avec ce formulaire
*Étude : Sous le sable, la radioactivité ! Les déchets des essais nucléaires français en Algérie. Analyse au regard du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, étude de l’Observatoire des armements et de ICAN France (campagne internationale pour abolir les armes nucléaires), publiée par la Fondation Heinrich Böll, 2020.