Cette semaine s’est ouvert à Genève la première session d’un Groupe de travail créé par l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire. Des diplomates du monde entier sont réunis pour étudier les mesures juridiques concrètes et efficaces nécessaires à l’instauration d’un monde exempt d’armes nucléaires. Ouvertes à la participation de représentants de la société civile, ICAN France prend part à ces discussions et a délivré la déclaration suivante.
Déclaration prononcée le 23 février 2016 par Silene Theobald.
Monsieur le Président,
Je m’exprime au nom de ICAN France, la branche française de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires. Permettez moi de vous féliciter pour votre nomination à la présidence de ce groupe de travail. Je tiens également à remercier tous les États ici présents, ainsi que tous ceux qui ont voté en faveur de la résolution pour « faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire » qui a permis la création de ce groupe de travail à composition non limitée. Enfin, je remercie les membres du premier panel d’avoir apporté des bases concrètes de travail.
Les conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires d’Oslo, de Nayarit et de Vienne ont clairement démontré les effets intolérables de ces armes. Hier en Polynésie, le président François Hollande, interpellé par les associations des victimes des 193 essais nucléaires, a d’ailleurs reconnu ouvertement que « les essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 ont eu un impact environnemental, provoqué des conséquences sanitaires ».
Le groupe de travail à composition non limitée sur le désarmement nucléaire représente une nouvelle opportunité pour combler le vide juridique en élaborant les bases solides d’un texte juridiquement contraignant qui permettra d’éliminer la menace que représentent actuellement les 16 000 armes nucléaires qui existent dans le monde.
Il est encourageant de constater qu’autant d’États ont répondu à l’appel et sont présents aujourd’hui. Nous déplorons l’absence de la France, et des 8 autres États qui possèdent des armes nucléaires. Le dialogue multilatéral nous semble le moyen le plus adapté pour atteindre notre objectif commun. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé notre Ambassadeur, représentant permanent de la France auprès de la Conférence du désarmement, il y a quelques semaines en affirmant que « pour progresser sur la voie d’un monde plus sûr pour tous et créer les conditions pour un monde sans armes nucléaires, nous devons, au contraire, consentir un réel effort pour travailler ensemble, dans un esprit de responsabilité partagée et en tenant compte des préoccupations de chacun. » Ce sont ses mots, mais nous constatons que la France brille par son absence. Pourtant, c’est bien ici que l’avenir du désarmement se construit.
C’est pourquoi nous participons en tant que société civile française à ces importantes discussions pour montrer que le consensus souvent affiché par les autorités françaises sur la dissuasion est un mythe. Des citoyens, étudiants, maires, parlementaires, contestent cette politique et interpellent régulièrement les autorités françaises. Notre présence aujourd’hui montre notre réel engagement pour le désarmement.
Chers États favorables à l’avancée des négociations multilatérales pour le désarmement nucléaire, en tant que société civile, nous avons aussi besoin de vous pour appeler l’État français à prendre ses responsabilités pour avancer concrètement vers ce monde sans armes nucléaires qu’il prétend vouloir construire. Comme nous l’a rappelé hier l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, « le défi est colossal, mais n’est pas insurmontable. »
Nous encourageons donc tous les États présents à s’impliquer dès maintenant dans l’élaboration de normes juridiques les plus exigeantes possibles. Nos efforts doivent aboutir à la négociation d’un traité d’interdiction, pour assurer la sécurité de tous dans un monde sans armes nucléaires.