C’est une première historique. Les discussions sur le désarmement nucléaire aux Nations Unies ont abouti à une recommandation claire : commencer dès à présent les négociations relatives à un traité interdisant les armes nucléaires.
Connues sous l’appellation OEWG (acronyme issu de l’anglais signifiant « Open-Ended Working Group », groupe de travail des Nations Unies chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire), ces discussions se sont déroulées en février, mai et août de cette année. Elles ont souligné un certain nombre d’éléments qui devraient être repris dans un nouvel instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires. Les déclarations communes émanant d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Asie du Sud-Est et du Pacifique ainsi que de la part de plusieurs États européens sont clairement venues démontrer le soutien écrasant dont fait preuve ce projet de traité d’interdiction.
Pour autant, la résistance était toujours de mise pour un petit nombre d’États qui ont maintenu lors des négociations que les armes nucléaires représentent toujours un aspect essentiel de leur sécurité nationale. Malgré leurs menaces de bloquer un rapport qui recommanderait un tel traité d’interdiction, ces gouvernements ne sont pas parvenus à altérer les avancées du groupe.
Après de longues délibérations, il semblait que les États étaient sur le point de se mettre d’accord sur un texte reflétant les positions des deux camps face à la question du traité d’interdiction. Pourtant, il apparait qu’après que les États soient parvenus à un tel accord dans le plus grand secret, l’Australie changea d’avis à la dernière minute en annonçant qu’elle s’opposait à l’ébauche du rapport proposé et demanda un vote. Toutefois, en dépit de l’opposition de l’Australie et de plusieurs autres États pro-armes nucléaires, la majorité l’emporta. Ainsi, le groupe de travail préconisa donc l’ouverture de négociations d’un nouvel instrument juridique interdisant les armes nucléaires.
Cette avancée est le fruit du nouveau discours mondial vis-à-vis des armes nucléaires. Un ensemble de trois conférences rassemblant des membres de gouvernements, des chercheurs et la société civile a ainsi mis au jour de nouvelles preuves que les armes nucléaires tout comme le risque de leur utilisation (de manière accidentelle ou délibérée) ont un impact humanitaire dévastateur. Le dynamisme généré par l’ « initiative humanitaire » a atteint son paroxysme à l’heure où la communauté internationale s’apprête à négocier une interdiction des armes nucléaires.
Les armes nucléaires restent aujourd’hui les seules armes de destruction massive qui ne sont pas encore interdites par le droit international, malgré leur nature inhumaine et indiscriminée. Une interdiction permettrait non seulement de rendre illégale l’utilisation ou la possession d’armes nucléaires par les nations du monde, mais cela pourrait également mener à leur élimination complète. Les nations qui se sont engagées à atteindre l’objectif de l’abolition ont déclaré être disposées à débuter les négociations l’année prochaine.
Il appartient aujourd’hui à la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies de poursuivre cette dynamique en délivrant un mandat approprié lors de sa réunion d’octobre afin de lancer le processus de négociation.
Photo : Xanthe Hall
Sources :
- Rapport final du groupe de travail des Nations Unies chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire (OEWG) en anglais, publié le 23 août.
- ICAN international à l’OEWG (en anglais).
- Déclaration d’ICAN France à l’OEWG.
Traduit de l’anglais par Julie Bouffety.