Par Dominique Lalanne, Armes Nucléaires Stop.
Après les séances des plénières des 3 premiers jours, les séances de travail sur des sujets ponctuels ont commencé par la non-prolifération.
Autant dire que les États nucléaires se sentent à l’aise sur une telle préoccupation qui leur semble la raison d’être du TNP.
L’Union Européenne a repris les arguments de sa déclaration générale avec le soutien de l’Ukraine et de la Géorgie. La Corée du Nord est condamnée sur de nombreux aspects : ses essais nucléaires, ses lancements de satellites, son programme d’enrichissement d’uranium, sa construction d’un réacteur nucléaire, le lancement de missiles de courte portée en mai 2013 et en février et mars 2014. Toutes ces actions sont jugées des violations du droit international. Dans le cas de l’Iran, le jugement est moins négatif que celui porté par la France deux jours auparavant. L’Union Européenne salue les discussions entre l’Iran et l’AIEA, l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, et les « 7 mesures pratiques qui devront être mises en œuvre le 15 mai prochain sont un pas dans la bonne direction ».
L’Ukraine a saisi l’opportunité de cette assemblée pour dénoncer « l’agression de la Russie qui a annexé le territoire de la Crimée » : « de telles actions sont particulièrement cyniques alors que le Mémorandum d’accession de l’Ukraine au TNP de décembre 1994 était associé à des accords bilatéraux et internationaux de garantie de son intégrité territoriale ». Un discours qui ne suscite pas de nombreux échos à part celui de l’Union Européenne.
Les rencontres informelles entre les ambassadeurs et les ONG apportent parfois plus de lumières que les discours en assemblée. Pourquoi les pays nucléaires sont-ils opposés aux conférences sur les « conséquences humanitaires » ? Réponse de l’ambassadeur français Jean-Hugues Simon Michel : « à cause du mot « humanitaire ». D’après l’ambassadeur « humanitaire signifie sans réciprocité et sans sécurité, deux exigences indispensables pour la France ». Une réflexion intéressante. Il est vrai que dans la démarche humanitaire, la réciprocité n’est pas encadrée par un accord de simultanéité, mais par la pression diplomatique créée. Ainsi sur les armes chimiques, la Syrie a récemment été « obligée » à la réciprocité. Mais n’est-ce pas une autre voie diplomatique à explorer ? Et sur la sécurité, pour l’interdiction des mines antipersonnel, les pays possesseurs avaient refusé le processus au début des négociations, en soulignant la nécessité des mines pour la sécurité de leurs troupes. Une exigence qui s’est avérée inutile après les réflexions sur les réalités de terrain.
De petits exemples qui montrent que la présence des ONG dans l’enceinte de l’ONU peut ouvrir des brèches. Mais les ambassadeurs feront-ils remonter les messages ?