Chers collègues, chers invités,
En tant que délégation de 23 parlementaires de 14 pays, nous avons l’honneur de nous adresser à cette deuxième réunion des États parties au traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Cette réunion représente un moment charnière dans notre parcours collectif vers un monde libre de ces armes dévastatrices. Nous remercions les gouvernements, les organisations et les représentants de la société civile qui ont inlassablement défendu cette cause. Le TIAN reste une magnifique source d’espoir alors que de nombreux autres développements internationaux pointent dans la mauvaise direction.
Nous félicitons les États parties et les signataires du TIAN pour leur leadership inébranlable en faveur de l’abolition mondiale des armes nucléaires depuis la dernière réunion des États parties. Votre dévouement montre la valeur incommensurable du TIAN en tant que pilier complémentaire du régime juridique international interdisant les armes de destruction massive, offrant de fait une voie claire vers leur éradication au niveau mondial.
Nous félicitons nos collègues qui ont travaillé sans relâche pour faire comprendre l’importance de ce traité à leurs gouvernements respectifs et faire avancer le processus de ratification. Notre engagement reste résolu, fondé sur la conviction que les citoyens que nous représentons, ainsi que l’ensemble des citoyens, ne devraient jamais avoir à supporter les conséquences humanitaires catastrophiques de l’utilisation ou d’essais d’armes nucléaires. Nous nous engageons à redoubler d’efforts pour élargir la composition de ce traité et soutenir sa mise en œuvre effective. Nous nous efforcerons sans relâche d’obtenir le soutien des parlementaires en faveur de ce traité et nous appelons tous les gouvernements à le signer et à le ratifier de toute urgence au niveau international.
Nous sommes unis dans la dénonciation de toutes les menaces nucléaires, quelle que soit leur forme – explicite ou implicite – et quelles que soient les circonstances. Comme le rappelle le TIAN, et conformément à la Charte des Nations Unies, tous les États doivent s’abstenir de recourir à la menace ou à l’utilisation de la force. Les dirigeants du monde entier doivent faire face à la réalité : les menaces nucléaires exprimées actuellement par certains décideurs politiques révèlent la folie de la légitimation continue des armes nucléaires, notamment par la promotion de la soi-disant dissuasion nucléaire.
Les menaces nucleaires ont indéniablement porté atteinte à la paix et à la sécurité internationale. Il est encourageant de constater que de nombreux dirigeants, même de nations qui ne font pas encore partie de ce traité, ont adopté une position similaire, rejetant fermement la rhétorique inacceptable qui entoure les armes nucléaires dites tactiques et les discussions informelles sur leur utilisation.
Cependant, malgré les assurances et les engagements répétés en faveur du désarmement, les États dotés d’armes nucléaires conservent collectivement plus de 12 000 armes nucléaires et continuent d’allouer de vastes ressources à la modernisation et à l’expansion de leurs arsenaux. Nous déplorons le recours à la doctrine périlleuse de la dissuasion nucléaire, qui entrave les progrès vers le désarmement nucléaire, augmente les risques nucléaires et sape les efforts de non-prolifération. Nous nous opposons également avec véhémence au déploiement d’armes nucléaires sur le territoire d’autres États, ce qui est en contradiction directe avec les objectifs du traité de non-prolifération nucléaire et constitue une violation de l’article 1 du TIAN.
En contraste flagrant avec la rhétorique imprudente de certains États dotés d’armes nucléaires et de leurs alliés, nous félicitons les États parties de ce traité pour leur dévouement inébranlable à la mise en œuvre du TIAN. Nous nous engageons, nous aussi, à prendre toutes les mesures possibles pour faire progresser les interdictions du traité. La décision regrettable de la Russie de ne plus ratifier le traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) nous rappelle qu’il est important de respecter les interdictions sans équivoque des essais nucléaires stipulées dans le TIAN et le TICE. Nous appelons tous les États à s’abstenir de toute action susceptible de porter atteinte à l’intégrité de ces deux traités.
Nous nous joignons aux États parties pour souligner la complémentarité entre le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le TIAN, et nous continuons à soutenir sans réserve toutes les mesures contribuant au désarmement et à la non-prolifération nucléaire. Grâce à un engagement constructif avec les responsables politiques des États dotés d’armes nucléaires et leurs alliés, nous souhaitons renforcer la sécurité internationale et accomplir des progrès substantiels vers l’objectif commun d’universalisation du Traité d’interdiction des armes nucléaires.
Nous reconnaissons qu’il est important de ne pas limiter les discussions sur le désarmement nucléaire aux seules enceintes diplomatiques désignées. Les menaces posées par les armes nucléaires vont bien au-delà des préoccupations de sécurité nationale ; elles englobent le bien-être de notre planète et de l’humanité dans son ensemble. Les conséquences environnementales des armes nucléaires dévastent la santé et les moyens de subsistance de nos communautés. Il est de notre devoir de reconnaître les multiples facettes de cette question et d’œuvrer activement à l’intégration du désarmement nucléaire dans tous les domaines politiques.
Plus de 1000 parlementaires en exercice ont signé le plaidoyer parlementaire de ICAN. Nous venons de 27 pays qui n’ont pas encore signé le TIAN. Nous couvrons l’ensemble du spectre politique et ne sommes pas forcément d’accord sur d’autres questions, mais nous sommes unis dans notre engagement à œuvrer pour la signature du Traité par nos pays, car nous considérons l’élimination des armes nucléaires comme un objectif public mondial de premier ordre et une étape essentielle pour promouvoir la sécurité et le bien-être de tous les peuples.
Pour tenir notre promesse, nous avons lancé des débats parlementaires sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires, nous avons déposé des résolutions en sa faveur, nous avons interrogé les gouvernements sur nos positions nationales et nous avons engagé avec nos électeurs une conversation publique sur la nécessité urgente du désarmement. Pour reprendre la promesse faite par les États parties dans la déclaration de Vienne : « Nous ne nous arrêterons pas tant que le dernier État n’aura pas adhéré au Traité, que la dernière tête nucléaire n’aura pas été démantelée et détruite et que les armes nucléaires n’auront pas été totalement éliminées de la surface de la Terre.”
Une déclaration lue par le député belge Guillaume Defossé le 29 novembre 2023. Disponible en anglais.
Déclaration endossée par
- Steven De Vuyst, Belgique
- Marilou McPhedran, Canada
- Heather McPherson, Canada
- Jennifer Pedersen, Canada
- Don Davies, Canada
- Elizabeth May
- John Kidder
- Guy Benarroche, France (voir interview vidéo)
- Hinamouerra Cross, France, Polynésie, Mahoi nui
- Dietmar Köster, Allemagne, parlement européen
- Laura Boldrini, Italie
- Jim McGovern, États-Unis
- Lindsey Sabadosa, États-Unis
- Bill Kidd, Écosse
- Ayaka Shiomura, Japon
- Akira Kasai, Japon
- Mari Kushibuchi, Japon
- Masaaki Taniai, Japon
- Guillaume Defossé, Belgique (voir interview vidéo)
- Oezlem Demirel, Allemagne
- Sven Clement, Luxembourg
- Andrés Ingi Jonsson, Islande
- Ingrid Fiskaa, Norvège
- Susan Templeman, Australie
- Bimala Subedi, Népal