Une nouvelle course aux armements nucléaires est engagée selon le nouveau rapport du SIPRI, le Yearbook 2025, publié ce 16 juin 2025. ICAN France lance une alerte : « à l’heure des 80e commémoration d’Hiroshima et de Nagasaki, nous devons choisir entre la mémoire des catastrophes passées et la préparation aveugle des prochaines. Les choix politiques faits aujourd’hui engagent la sécurité de demain ».
Alors que l’année 2025 marque le 80e anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, les enseignements de la Guerre froide semblent tragiquement ignorés. Selon le nouveau rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) co-écrit par Hans M. Kristednsen, chercheur et expert mondialement reconnu sur les arsenaux nucléaires : « l’ère de la réduction des armes nucléaires est terminée ». Une ère qui a débuté en 1986, ou l’arsenal nucléaire mondial atteignait alors le chiffre de 65 000 armes nucléaires, son plus haut pic.
Ce constat alarmant est d’autant plus préoccupant qu’en 2025, deux puissances nucléaires sont engagées dans des guerres : la Russie contre l’Ukraine, Israël contre l’Iran. Leurs sites stratégiques, comme leurs villes sont la cible d’attaques directes. Remarquons aussi que deux autres puissances nucléaires, l’Inde et le Pakistan, n’ont pas hésité à s’affronter, en mai 2025, dans la plus grande bataille aérienne de ces 60 dernières années.
La dissuasion nucléaire ne garantit donc ni la paix, ni la sécurité et ne protège pas les populations. Incontestablement, elle échoue de manière répétée et documentée.
Dans ce contexte, l’attitude de la France est d’une gravité politique majeure:
- Le gouvernement poursuit une modernisation et un renouvellement de son arsenal, dont le coût pour l’année 2024 a été de 12 048 euros par minute selon le rapport de ICAN « Les coûts cachés des armes nucléaires : dépenses en 2024 » publié ce 13 juin 2025 ;
- Le président Macron en souhaitant une « dimension européenne » à la dissuasion française, comme l’indique le SIPRI, est susceptible d’affaiblir le régime international de non-prolifération et de contribuer à l’accélération du désordre stratégique mondial.
Devant des perspectives importantes pour la sécurité mondiale avec les conférences d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP, mai 2026) et du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN, novembre 2026), ICAN France appelle les parlementaires qui ont une responsabilité dans le désarmement et la non-prolifération nucléaire à agir pour réaliser leur mission de contrôle en organisant un véritable cycle de débat public, avec des contradicteurs, sur la thématique « armes nucléaires ».
- Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France : « La course aux armements nucléaires s’accélère sous nos yeux, portée autant par des régimes autoritaires que par des démocraties. Cette poursuite d’une croyance en la théorie de la dissuasion nucléaire nous entraîne dans un cercle vicieux qui menace directement la sécurité de la France et plus largement mondiale.»