Le 26 septembre 2024, l’Assemblée générale des Nations unies a organisé un événement de haut niveau pour commémorer la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.
Instituée par l’adoption de la résolution 68/32 en 2013, cette journée vise à renforcer « la sensibilisation et l’éducation du public sur la menace que représentent les armes nucléaires pour l’humanité et la nécessité de leur élimination totale, afin de mobiliser les efforts internationaux en vue d’atteindre l’objectif commun d’un monde exempt d’armes nucléaires ».
Cette réunion de haut niveau est l’occasion pour les États et la société civile de réfléchir aux progrès réalisés en matière de dés- armement nucléaire. Soixante-dix-neuf États se sont exprimés. Parmi eux, une écrasante majorité (notamment l’Afrique du Sud, Indonésie, Brésil, Malte, Irlande) a manifesté une profonde inquiétude quant à l’absence d’avancée sur le désarmement.
Une réunion essentielle étant donné la réalité de la menace nucléaire, mais qui n’a pas encore vu la participation de la France et de l’Allemagne (dont la dernière participation date de 2016). Il est vrai qu’à l’heure où ces deux États poursuivent une politique de dissuasion indépendante et dans le cadre de l’Otan, c’était peut-être « plus honnête » que de venir clamer une volonté d’agir pour le désarmement comme l’ont fait les États- Unis, la Chine, l’Inde et le Pakistan.
En effet, Paris est engagé dans des programmes de modernisation et de renouvellement extrêmement coûteux (7,62 milliards € par an selon la Loi de programmation militaire 2024-2030) et l’Allemagne reçoit sur son sol les nouvelles bombes nucléaires tactiques des États-Unis.
Mais le plus préoccupant dans l’attitude de ces deux États — qui peuvent certes présenter des actions en faveur d’un monde sans armes nucléaires (pour Berlin, pensons à sa participation comme État observateur au processus du Traité d’interdiction des armes nucléaires, pour Paris des actions de réduction de son arsenal nucléaire dans les années 1990) — c’est leur volonté politique d’européaniser la dissuasion nucléaire de la France, comme réponse à une Russie agressive et à un « retrait » de Washington d’Europe dans le cas d’une nouvelle présidence Trump.
Une perspective qui provoque de nombreux débats, sauf qu’ils ont comme particularité commune d’écarter toutes les conséquences (juridiques, financières et les réactions adverses) d’une telle décision.
Il est urgent que lors de la prochaine Assemblée parlementaire franco-allemande, ce sujet soit ouvertement abordé, avec l’audition d’experts venant de différents horizons, afin que toutes les consé- quences d’un tel projet soient débattues par les parlementaires.
Ce texte a été publié dans la Lettre d’information parlementaire sur la non-prolifération et le désarmement n°2-2024, dans le cadre d’un programme soutenu par la Heinrich-Böll-Stiftung Paris, France-Italie.