Depuis sa prise de fonction en mai 2012, le Président Hollande n’avait jamais réalisé de discours sur la force de dissuasion nucléaire, alors même qu’un début de réflexion s’est établi au Parlement, notamment lors du vote de la Loi de programmation militaire 2014/2019. Mais l’obstination de la France à s’accrocher à sa dissuasion nucléaire est plus forte et est bien une réalité budgétaire (entre 1945 et 2010, pas moins de 357 milliards d’euros ont été utilisés pour construire, déployer, contrôler, protéger, démanteler et lutter contre la prolifération nucléaire) et diplomatique (absence de volonté d’aller vers un monde sans armes nucléaires, absence de réalisations des mesure politiques ou militaires de désarmement sur lesquelles elle s’était engagée en 2010 selon le Document final du TNP [Traité de non-prolifération nucléaire]).
Cette « France et sa bombe » fût ainsi parfaitement décrite par le discours du Président prononcé à Istres le 19 février 2015. Pour la première fois, il a présenté sa vision de la dissuasion nucléaire. Une prise de parole qui est une coutume, chaque Président réalisant « son » grand discours sur la dissuasion. L’objectif était d’expliquer et d’affirmer cette politique de défense à nos alliés, nos possibles adversaires et à la population française. On regrette également la fausse transparence annoncée, les erreurs de chiffres, les éléments de langages qui ne reflètent pas la réalité. Il est donc à craindre que les États non dotés ne comprennent absolument pas un tel discours, à deux mois de la 9e Conférence d’examen du TNP. Une conférence cruciale pour l’avenir du régime du TNP, où l’action et l’image de la France sont loin d’être vues comme très positives…
Pour aller plus loin, lire les analyses de Jean-Marie Collin, Membre du comité de pilotage ICAN France, Chercheur associé au GRIP et Directeur du PNND :
- La France et sa Bombe (27 Février 2015)
- Dissuasion nucléaire : l’obstination française (19 Février 2015)