La conférence du Mexique marque un tournant vers l’interdiction des armes nucléaires

La deuxième conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires qui s’est déroulée à Nayarit (Mexique) s’est conclue ce 14 février par un appel aux États lancé par le gouvernement mexicain pour ouvrir un processus diplomatique afin d’interdire les armes nucléaires, stipulant que « Nayarit était un point de non-retour ».

Les travaux de la Conférence ont démontré que les conséquences de l’utilisation de ces armes seraient encore plus terribles et plus étendues que de précédents travaux ne l’avaient affirmé.

De nombreux pays ont appelé à engager rapidement des travaux pour un traité d’interdiction des armes nucléaires marquant une étape dans la dynamique vers l’interdiction et l’élimination des armes de destruction massive. L’Autriche a annoncé dès le 13 février qu’elle accueillerait la troisième conférence sur l’Impact humanitaire des armes nucléaires à Vienne avant la fin de cette année, dans l’objectif évident d’entretenir cet engouement international et de montrer aux puissances nucléaires qu’un processus est bien en route.

« La preuve est faite. Les conséquences seraient terribles et personne ne pourrait les prendre en charge. Le risque de frappe nucléaire est significatif. C’est pour cela que cette semaine s’est exprimé un soutien croissant en faveur d’une interdiction », a déclaré Liv Torres, secrétaire générale du Secours populaire norvégien. « Nous souhaitons que les États s’engagent dans des négociations à la prochaine réunion à Vienne ».

« La France et les autres États possesseurs d’armes nucléaires ne peuvent ignorer plus longtemps ce processus qui désormais a clairement débuté », ajoute Jean-Marie Collin, membre du comité de pilotage de la campagne ICAN en France et présent à Nayarit. « Ils doivent s’engager dans la discussion sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, et répondre aux questions clairement posées au Mexique sur l’utilité de ces armes au regard de la menace qu’elles font peser sur l’humanité ; et sur le manque de résultats du désarmement nucléaire jusqu’à présent. La société civile restera mobilisée pour renforcer le soutien à l’interdiction totale des armes nucléaires. »

À Nayarit de nombreux témoignages se sont succédés : des agences des Nations Unies, des experts de renom, d’anciens officiers de l’armée, le centre de recherche du Royaume-Uni Chatham House ainsi que des études sur l’impact probable de la détonation d’une arme nucléaire sur le climat de la planète, l’agriculture, la santé humaine ou l’infrastructure sociale et économique. Pourtant, alors que les autres armes de destruction massive — chimiques et biologiques — sont déjà clairement déclarées illégales, il n’en est pas de même pour les armes nucléaires. De nombreux États ont reconnu la nécessité de mettre en place une interdiction comme prochaine étape vers l’élimination pour prévenir la catastrophe humanitaire que constituerait tout usage volontaire, accidentel ou par erreur des armes nucléaires.

« Une interdiction des armes nucléaires est attendue depuis trop longtemps. Les conférences d’Oslo et de Nayarit sont une opportunité pour nous de la mettre en place », a déclaré Ray Acheson de WILPF (Women’s International League for Peace and Freedom). « Les États doivent saisir cette opportunité lorsqu’ils se réuniront à Vienne. La société civile est déjà mobilisée pour que cela devienne une réalité. »

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La conférence du Mexique est la dernière étape en date d’un processus qui a changé la façon d’aborder le débat sur les armes nucléaires au niveau international. Depuis 2010, quand les États parties au Traité de non-prolifération ont reconnu « les conséquences humanitaires catastrophiques de l’utilisation d’armes nucléaires », un nouveau récit a vu le jour dans lequel les effets réels de ces armes fondent la motivation pour redoubler d’efforts afin de prévenir une telle catastrophe. Le mouvement de la Croix-Rouge, les agences de secours des Nations Unies, la société civile et la majorité des nations du monde ont souscrit à cette initiative humanitaire. En octobre dernier, 125 États ont participé à une déclaration faite par la Nouvelle-Zélande auprès des Nations Unies, affirmant que « les conséquences catastrophiques d’armes nucléaires doivent sous-tendre toutes les approches et les efforts en faveur du désarmement nucléaire ».

La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires a présenté une déclaration vidéo dans laquelle s’expriment notamment Eric Schlosser, auteur de « Command and Control » et le président de la Croix Rouge australienne Robert Tickner (en anglais) :

Parmi les représentants de la société civile qui ont pris la parole au Mexique se trouvaient plusieurs survivants des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki (Hibakusha), le climatologue Pr Alan Robock, le Dr Ira Helfand, et M. Richard Moyes d’Article 36 qui ont présenté des recherches récentes sur les effets des explosions nucléaires sur le climat de la planète, l’agriculture, la santé humaine et de l’infrastructure sociale et économique. Le célèbre auteur de « Command and Control », Eric Schlosser, l’ancien officier de l’armée américaine Bruce Blair et le Dr. Patricia Lewis directeur de recherche à Chatham House ont rendu publiques leurs études sur les risques accidentels de détonation d’armes nucléaires.

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