La Tunisie : un nouveau pas vers le désarmement nucléaire ?

La Tunisie a été, au cours de son histoire, acteur de la non prolifération nucléaire tant sur la scène internationale qu’africaine. Effectivement, la Tunisie est membre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, pierre angulaire du régime international de non prolifération nucléaire, et du Traité de Pelindaba, reconnaissant l’Afrique zone exempte des armes nucléaires.Le 26 septembre 2018, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, se tiendra à l’ONU une cérémonie de signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Membre de la  jeunesse tunisienne, nous l’appelons à poursuivre cette voie en signant ce traité, qui renforcera la norme contre cette arme de destruction massive.

L’Afrique un continent en faveur d’un désarmement nucléaire général et complet :

La volonté de faire de l’Afrique un continent exempt d’armes nucléaires a débuté à la fin des années 50, notamment suite à la prise de conscience liée aux conséquences humanitaires et sanitaires des essais nucléaires français qui se déroulaient alors au Sahara. Ainsi, le Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, plus connu sous le nom de Traité de Pelindaba, a été adopté en 1996, et est entré en vigueur le 15 juillet 2009.

La disposition clé de ce traité est l’article 3 « renonciation aux dispositifs explosifs nucléaires » au travers duquel les Etats parties s’engagent à : « ne pas entreprendre de recherche, à ne pas mettre au point, fabriquer, stocker ni acquérir d’une autre manière, posséder ou exercer un contrôle sur tout dispositif explosif nucléaire par quelque moyen que ce soit ou en quelque lieu que ce soit ».

Aujourd’hui, cette contribution au régime international de non-prolifération nucléaire par le continent Africain se poursuit de manière active. Une large majorité de ces Etats ont, à l’Assemblée Générale de l’ONU, le 7 juillet 2017, voté en faveur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Ce traité est le premier instrument international établissant une interdiction complète des armes nucléaires, que le Groupe africain a notamment qualifié « d’accord international historique qui interdit les armes nucléaires et ouvre la voie à leur élimination». A ce jour, sur les 60 Etats signataires du TIAN, 17 Etats sont africains, telles que l’Algérie, l’Afrique du Sud, la Libye, ou encore la République Démocratique du Congo.

La situation de la Tunisie à l’ère du nucléaire :

La Tunisie s’est toujours engagée pour la non prolifération des armes nucléaires. En effet, le 1ierjuillet 1968, la Tunisie signait le Traité de non prolifération des armes nucléaires (TNP) soit le jour de son ouverture à la signature, et moins de deux ans plus tard, elle ratifiait ce traité. Toujours dans l’objectif de contribuer à la lutte contre la prolifération des armes nucléaires, la Tunisie fut, encore une fois, un des premiers Etats à signer le traité Pelindaba,  le 11 avril 1996 le jour de son ouverture à la signature. La ratification du traité, quant à elle, s’est faite le 8 juillet 2009 par la loi n°2009-41 avant même son entrée en vigueur.

Enfin, le 7 juillet 2017, la Tunisie s’est engagée pour le désarmement nucléaire en participant aux sessions de négociations et en votant en faveur de l’adoption du TIAN. Toujours est-il qu’elle n’a pas encore signé ce traité historique. La journée du 26 septembre prochain pourrait être l’occasion pour notre Etat de franchir une nouvelle étape dans son engagement pour le désarmement nucléaire, en signant le TIAN.

Pourquoi signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ?

Les armes nucléaires constituent une menace directe et constante envers tous les peuples du monde entier. Loin de maintenir la stabilité et la sécurité internationale, elles cultivent la peur et la méfiance entre les Etats. Ces armes de terreur et de destruction massive n’ont pas d’utilité stratégique ou militaire légitime et sont inutiles lorsqu’il s’agit de faire face aux réelles menaces contemporaines contre notre sûreté, telles que le terrorisme, le changement climatique, l’extrême pauvreté ou les maladies.

Le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) a été négocié en réponse à la préoccupation croissante de la communauté internationale quant aux conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire, sanitaire et environnemental qu’entraînerait l’utilisation même accidentelle d’une arme nucléaire. De plus, toute explosion nucléaire serait une atteinte au droit international humanitaire, car le principe de distinction entre militaires et civiles ne pourrait pas être respecté. Les habitants des États voisins qui sont non-parties au conflit, souffriraient des retombées radioactives. Les morts et les blessés se compteraient par dizaines ou centaines de milliers, sinon par millions. Les maladies chroniques affecteraient les survivants et les dommages génétiques seraient transmis aux générations futures.

Lors de la conférence des Etats parties de 2018 de l’Union Africaine, les Etats membres ont été appelés « à signer et à ratifier rapidement le traité, soulignant qu’il fait progresser le droit international en matière de désarmement nucléaire et est compatible avec les objectifs du Traité de Pelindaba».

La Tunisie, étant d’ores et déjà membre du TNP et du Traité de Pelindaba, ne se verra imposer aucune nouvelle obligation en devenant membre du TIAN, mais renforcera la sécurité internationale et la norme contre les armes nucléaires. Elle poursuivra ainsi sa ligne diplomatique contre cette arme de destruction massive.

Nous l’encourageons ainsi, ce 26 septembre prochain à l’ONU, à signer le TIAN et poursuivre par conséquent son objectif pour l’établissement d’un monde plus sûr, libre de la menace que représentent les armes nucléaires.  

Tribune publiée dans le journal tunisien Le Temps, 21 septembre 2018

Par Amel El Mejri, Lobna Bachta, Mariem Oueslati, Oumayma Jabnouni, Sirine Barbirou, étudiantes Tunisiennes qui participeront à la ICAN Académie Francophone du 11 au 13 octobre 2018.

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