Première réunion du TIAN – Journée d’ouverture

Nous vivons un moment historique avec la tenue de la première réunion des États parties (MSP1) au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Une réunion qui se déroule en pleine guerre menée par un État doté d’armes nucléaires, ou des menaces explicites d’utilisation d’armes nucléaires ont été proférées, et ou des discours alarmistes de toutes parts se multiplient. La France a laissé son siège de l’ONU vide, démontrant sa volonté de ne pas dialoguer avec la majorité des Etats du monde et de poursuivre une ligne diplomatique qui s’oppose au droit international. L’absence de la France est pour la Campagne ICAN France très regrettable. Une certitude, le positivisme et l’envie de travailler règne dans cette salle  de l’ONU, à Vienne ce 21 juin 2022.

Le TIAN est ratifié par 65 États (le Cap-Vert, le Timor Oriental et la Grenade, ayant ratifié ce 20 juin) et signé par 86 autres États. Si les Etats parties sont présents, un certain nombre d’Etats sont présents en qualité d’observateur. À ce titre on peut remarquer la présence de :

  • La Belgique, les Pays-Bas (le parlement ayant obligé par une résolution du 17 juin à une présence diplomatique) , la Norvège, l’Allemagne tous États membres de l’OTAN ;
  • La Suède et la Finlande, en voie de devenir membre de l’OTAN ;
  • La Suisse, le Liechtenstein et la Bosnie Herzégovine.

Autre présence importante, celle de l’Australie, sous parapluie nucléaire des USA, dont la délégation est dirigée par la députée travailliste Susan Templeman, qui a déclaré en 2020 que l’Australie « peut et doit prendre la tête des efforts internationaux visant à débarrasser le monde des armes nucléaires ».

Extraits d’intervention du 21 juin 
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres dans un message vidéo a rappelé que les armes nucléaires offrent de fausses promesses de sécurité et de dissuasion et qu’elles ne garantissent que la destruction, la mort et l’affrontement sans fin : « Nous ne pouvons pas permettre que les armes nucléaires brandies par une poignée d’États mettent en péril toute vie sur notre planète ». Il a ajouté que « le désarmement est l’affaire de tous, parce que la vie elle-même est l’affaire de tous », notant que le TIAN fait partie de l’architecture du désarmement.

L’ambassadeur Kmentt, président de la MSP1, a décrit le TIAN comme une « lueur d’espoir », en ces temps sombres où les risques nucléaires sont plus élevés que jamais et où des menaces d’utilisation sont répétées.

Un représentant du Pape François, via un message vidéo, a souligné la valeur du TIAN pour offrir une forme de force et de responsabilité qui augmente la confiance. Dans un système de sécurité collective, a-t-il déclaré, il n’y a pas de place pour les armes nucléaires. Elles constituent une responsabilité coûteuse et dangereuse, un multiplicateur de risques qui n’offre qu’une illusion de paix.

Vice-ministre sud-africain Alvin Botes : les théories de la « dissuasion nucléaire » ne préservent pas la paix. Il a appelé tous les gouvernements dotés de l’arme nucléaire et ceux qui la soutiennent à « se libérer » des politiques de destruction et à œuvrer pour l’abolition des armes nucléaires ; faisant valoir que l’environnement sécuritaire actuel ne permet pas de tergiverser.

Le représentant de la Jamaïque a également fait valoir que si les États dotés de l’arme nucléaire considèrent leurs bombes comme des symboles de puissance et de prestige, il est impératif de démanteler ces approches archaïques : « Chercher, posséder ou menacer d’utiliser des armes nucléaires doit devenir un insigne de la honte » et « une démonstration du pire mépris de l’humanité possible ».

La donne nucléaire a donc changé : Éliminer complètement, de manière irréversible et vérifiable les armes nucléaires est bien le but du traité. Mais si le TIAN est un traité de désarmement, c’est aussi un traité humanitaire et un traité d’assistance aux victimes

Ainsi concernant l’application des articles 6 et 7 du Traité qui porte sur l’assistance aux victime et à la coopération internationale, cette MSP1 va offrir aux États l’occasion d’exprimer leur soutien à l’adoption des premières mesures visant à établir un cadre pour la mise en œuvre de ses obligations positives, de partager des expériences pertinentes et d’exposer leurs points de vue politiques. ICAN a ainsi distribué un document de référence aux délégations (résumé ci-dessous), et exhorte les États à :

  • Exprimer leur inquiétude face aux impacts humanitaires et environnementaux permanents des armes nucléaires ;
  • Accepter de respecter les engagements pris dans le projet de plan d’action de Vienne ;
  • S’engager dans un processus collectif et inclusif, centré sur les communautés affectées ;
  • Accueillir la poursuite du travail pendant la période intersessionnelle selon les lignes recommandées dans le projet de plan d’action.

À ce titre, si la France est absente, les conséquences sanitaires et environnementales des essais nucléaires réalisé entre 1960 et 1996 ont été dans tous les esprits des délégués et des participants, avec la prise de parole (retrouvez les interventions ici) ce 22 juin de deux militantes polynésiennes : 

  • Lena Normand, qui participe à cette MSP1 au titre comme vice-présidente de l’Association 193 ;
  • Hinamoeura Cross, jeune activiste de ICAN France. 

Par ailleurs l’Algérie et les anciens sites d’essais français ont été l’objet d’un side-event spécifique du CICR avec le film « Point Zéro » du réalisateur Algérien Karim Moussaoui

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