La seconde session des négociations de l’ONU pour un traité d’interdiction des armes nucléaires a démarré le 15 juin dernier. Ces négociations mettent fin à plus de 20 ans de paralysie dans le domaine du désarmement nucléaire et laissent présager l’adoption d’un texte juridiquement contraignant d’ici le 7 juillet.
En mars 2017 s’est tenue la première session de négociation du traité d’interdiction des armes nucléaires. Plus de 130 pays y ont participé et ont exposé leurs propositions initiales quant aux objectifs et au contenu d’un traité potentiel. En se fondant sur les propositions et discussions de ce premier round des négociations, la présidente de la conférence de négociation, l’ambassadrice Elayne Whyte Gomez du Costa Rica, a publié le 22 mai un texte préliminaire : la Convention d’interdiction des armes nucléaires. Ce projet de Convention prévoit l’interdiction pour les États y adhérant de posséder ou d’utiliser des armes nucléaires ainsi que de prendre part à un certain nombre d’activités associées telles que : le développement, la production, la fabrication, l’acquisition, le stockage, les essais, ou le transfert d’armes nucléaires ou d’autres engins explosifs nucléaires.
Le 15 juin dernier, les délégations des États, de la société civile et des organisations internationales se sont donc retrouvées à New York au siège des Nations unies, afin de peaufiner au cours des prochaines semaines l’un des textes les plus ambitieux jamais négocié en termes de désarmement nucléaire. Cette première semaine a notamment été marquée par des actions de solidarité en marge du lancement de la conférence avec l’importante marche des femmes pour l’interdiction des armes nucléaires (en anglais) qui s’est tenue samedi 17 juin dans les rues de New York et plusieurs villes à travers le monde.
En cas d’adoption, un traité d’interdiction mettrait fin à une situation anormale dans laquelle ces armes inhumaines – ayant la capacité de raser des villes entières et d’entraîner des centaines de milliers de morts en quelques secondes – ne sont pas illégales au regard du droit international. Un traité d’interdiction clair et efficace a le potentiel de changement pour codifier l’illégalité des arme nucléaires, stigmatiser et diminuer le prestige associé à leur possession. Cela placerait les armes nucléaires sur un pied d’égalité avec les autres armes de destruction massive (les armes chimiques et biologiques) ou d’autres armes non discriminantes (les mines antipersonnel et les armes à sous-munitions) qui font déjà l’objet d’interdiction au travers de traités spécifiques. Une fois adopté, un traité d’interdiction des armes nucléaires constituerait une étape importante vers leur élimination finale et la réalisation de l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.
En dépit de son engagement à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives au désarmement nucléaire, la diplomatie française ne participera pas à ces négociations historiques. Ce mépris de la France vis-à-vis de cette opportunité unique d’avancer concrètement vers un désarmement nucléaire a récemment été démontré lors de la publication le 24 mai dernier d’un rapport sénatorial qui prévoit entre autre le doublement d’ici 2025 du budget de la dissuasion par rapport à 2013 (« pour atteindre un niveau de 5,5 à 6 milliards d’euros »). Ainsi au lieu de rejoindre la centaine d’États ayant choisi d’élaborer un traité d’interdiction, la France s’entête à conserver et moderniser des armes dont le potentiel de destruction représente une menace pour l’humanité tout entière.
Comme lors de la première session des négociations, des membres d’ICAN France seront présents à New York, afin de vous tenir régulièrement informé de l’avancée des négociations et démontrer qu’il est temps de mettre fin au statu quo et d’apporter une nouvelle dynamique aux relations multilatérales en interdisant les armes nucléaires !