Stigmatiser, interdire et éliminer : une nouvelle vision pour le désarmement nucléaire

La première Réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire a conclu ses travaux aujourd’hui à New York. La Réunion – convoquée par l’Assemblée générale des Nations Unies – met à nouveau la question des armes nucléaires en tête de l’agenda mondial. La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) s’est félicitée de l’importance croissante que donnent les États à l’impact humanitaire des armes nucléaires et à la nécessité d’interdire les armes nucléaires.

Malgré la résistance des États possesseurs de l’arme nucléaire, de plus en plus d’acteurs, Etats et organisations internationales, se disent gravement préoccupés par le peu de progrès du désarmement nucléaire, compte tenu de l’évident impact catastrophique de ces armes et reconnaissent la nécessité de s’attaquer à cette menace humanitaire mondiale par des actions urgentes et courageuses vers leur prohibition. La conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires qui s’est tenue à Oslo en mars et la deuxième conférence sur ce thème qui se tiendra à Mexico en Février 2014 ont été saluées dans de nombreuses déclarations.
Le Président de l’Autriche, M. Heinz Fischer, dans sa déclaration à l’Assemblée générale décrit une voie claire vers l’abolition : stigmatiser, interdire et éliminer, en notant que l’interdiction des armes nucléaires pourrait venir avant leur élimination. Des déclarations similaires délivrées par un large éventail d’États non dotés d’armes nucléaires montrent qu’une mutation dans le débat sur les armes nucléaires est en cours, qui privilégie les arguments humanitaires au vieux débat sur les doctrines de sécurité et les politiques de puissance. Les États non dotés d’armes nucléaires ont également montré qu’ils gagnent en confiance pour se réapproprier ce débat qui a jusqu’alors été contrôlé par les pays possesseurs d’armes nucléaires.
Aujourd’hui, à l’instar d’autres États et groupe d’États, la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a réaffirmé son attachement à ouvrir des négociations pour créer un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires.
Toujours dans cette direction, le Ministre des Affaires étrangères du Mexique a annoncé qu’une conférence se tiendra en Février prochain à Nayarit afin de poursuivre la discussion autour de l’impact humanitaire des armes nucléaires entamée à Oslo.
 » Les points clés de ce débat ont été l’importance croissante du discours sur l’impact humanitaire et l’enthousiasme à propos de la conférence d’Oslo et la conférence de Mexico en Février prochain. Ce débat renforce notre confiance et notre conviction qu’il existe un processus crédible vers l’interdiction des armes nucléaires », explique Beatrice Fihn, membre du groupe de pilotage international d’ICAN. » Pour la première fois, les États non dotés d’armes nucléaires ont pris l’initiative, sans demander d’autorisation aux pays possesseurs d’armes nucléaires. Nous ne devons pas laisser les États qui possèdent des armes de destruction massive imposer au reste du monde l’idée que ces armes seraient quelque sorte acceptable pour quelques privilégiés.  »
Malgré ce nouvel élan, les pays nucléaires, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, dans une déclaration commune très défensive ont affirmé regretter que « l’énergie soit dirigée » vers des initiatives en dehors de leur cadre de prédilection, qui s’est avéré inefficace pour réaliser le désarmement nucléaire ou empêcher toute prolifération nucléaire au cours des 50 dernières années.
La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) – une coalition de la campagne avec plus de 300 membres dans 80 pays- qui était représentée à cette Réunion de haut niveau a prononcé un discours au nom de la société civile, saluant l’initiative des États non dotés d’armes nucléaires de s’appuyer sur la menace humanitaire mondiale posée par les armes nucléaires, une telle approche ne peut que conclure à la décision de rendre ces armes illégales, une fois pour toutes.
 » En mettant l’accent sur leur impact humanitaire, nous reconnaissons que les armes nucléaires sont des armes – et non des instruments de pouvoir », explique Beatrice Fihn : « Aucune doctrine de sécurité ne peut occulter le fait que l’utilisation des armes nucléaires aurait des conséquences humanitaires catastrophiques – des pertes civiles considérables et des dommages irréparables à l’environnement, à la santé publique et à l’économie mondiale.  »
Une seule détonation de l’arme nucléaire dans une zone urbaine pourrait tuer immédiatement des centaines de milliers de personnes et laisser des centaines de milliers d’autres sans aucun secours. L’utilisation d’un nombre plus important d’armes nucléaires pourrait entraîner des changements climatiques susceptibles de nuire à la production agricole mondiale et conduire à la famine les populations les plus vulnérables. Etude après étude, on a mis en évidence l’incapacité à prévenir ou à soigner les victimes civiles sur une si grande échelle.
La demande autour de laquelle un nombre croissant de gouvernements et d’ONG se retrouvent est une interdiction pure et simple des armes nucléaires, ainsi qu’il en a été pour interdire les armes chimiques et biologiques.
« L’histoire montre que le monde s’est trouvé à plusieurs reprises au bord d’une catastrophe nucléaire. La possession d’armes nucléaires est une menace humanitaire mondiale et la seule façon raisonnable d’éviter qu’une détonation se produise jamais est de négocier un instrument juridique international qui constituera le cadre de leur élimination », a expliqué Lise Nosizwe Baqwa qui a prononcé une déclaration de la société civile lors de cette Réunion de haut niveau.
Joseph Gerson du Comité d’ American Friends Service ( CSFA ) a également parlé au nom de la société civile, en soulignant l’échec persistant des États dotés d’armes nucléaires à s’acquitter de leurs responsabilités pour désarmer et énonçant un certain nombre de mesures qu’ils devraient prendre à cet égard.

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