Le mardi 31 mars 2020, les Forces aériennes stratégiques (FAS) ont réalisé une simulation de frappe nucléaire. Montrer ses muscles même en pleine pandémie de coronavirus à semblé être une priorité pour le ministère des Armées.
Les exercices de frappes nucléaires ne sont pas des actes anodins. Quatre sont réalisés chaque année, chacun ayant pour objectif de simuler un raid nucléaire et de délivrer un missile ASMP-A (d’une puissance de 300 kilotonnes) ; heureusement dans ce cas factice. Ce type d’exercice a pour objectif de montrer que la politique de dissuasion nucléaire fonctionne ; même en temps de crise. Qui en aurait douté ? La Russie ou la Chine, pour ne citer que ces deux États figurant parmi les cibles de l’arsenal nucléaire de la France ?
Si le Président de la République, d’après différentes déclarations, n’est pas encore prêt à signer le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), il aurait été en cette période de crise mondiale nettement plus préférable de s’abstenir de montrer sa capacité à provoquer des conséquences humanitaires catastrophiques.
Étrange message envoyé, quand, dans le même temps l’ensemble de la planète subit un désastre sanitaire grave ; même s’il n’est pas comparable à celui que provoquerait l’utilisation d’une arme nucléaire. En cas de détonation nucléaire, ne cherchez ni personnel de santé, ni masque ou gel hydroalcoolique…
Cette politique de défense — qui repose sur la perspective d’utiliser une arme de destruction massive —, en contradiction avec toutes les règles du droit international humanitaire, est à l’inverse de ce que de nombreuses personnalités et scientifiques préconisent sur « l’après » crise sanitaire :
- Bertrand Badie, « autrefois, la guerre visait la puissance et impliquait de mobiliser les instruments classiques de puissance. Désormais, la faiblesse est au centre de la cible, elle est pour tous, la principale menace et justifie la mobilisation de recettes plus sociales que militaires. Erreur impardonnable de ne pas l’avoir compris à temps » ;
- Edgar Morin, il faut « ressentir plus que jamais la communauté de destins de toute l’humanité » ;
- Jean Jouzel, il faut « inventer un nouveau modèle de développement » ;
- Corine Pelluchon, il faut « nous conduire à habiter autrement le monde » ;
L’entrée en vigueur et la mise en œuvre du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) devient encore plus urgente ; car il va permettre de stigmatiser les États possédant des armes nucléaires, et exercera sur eux une pression juridique, politique, diplomatique, et économique…