Alerte Presse – Macron à Cherbourg, anniversaire du TIAN, horloge de l’Apolcapyse

Dans tous les domaines, la mode est au « réarmement » selon l’expression du chef de l’État ; sauf sur la pensée stratégique concernant la politique de dissuasion. Cette pensée est atone. Étonnement, ce serait le seul système d’arme au monde qui depuis 1945 et au moins jusqu’en 2090 (date de retrait des sous-marins en construction) serait parfait pour défendre la France ! Une stratégie, dont il devrait avoir l’honnêteté intellectuelle d’expliquer aux français que leur vie repose sur un pari… Dans le même temps, l’écrasante majorité des États de la planète agisse à travers le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) pour mettre eux leur population en sécurité et les scientifiques ne cessent d’alerter sur cette réalité du danger. 

Dans les prochains jours différents évènements politiques, juridiques et scientifiques symboliseront ces divergences de pensée entre la France et le reste du monde…

  • Vendredi 19, le président Macron sera à Cherbourg pour présenter ses vœux aux Armées. Il vantera les mérite de la Bombe en  annonçant le lancement de la production des nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de nouvelle génération, qui entreront en fonctionnement entre 2035/2050. Ces futurs systèmes de la dissuasion nucléaire expliquent en grande partie les raisons de l’augmentation massive de la Loi de programmation militaire (votée en juillet 2023) qui dispose d’un budget global de 413 milliards €, dont au moins 53 sont réservés pour le nucléaire militaire. Le budget en 2024 pour cet arsenal atomique est de 6,350 milliards € (et passera à 7 les années suivantes, contre 4,5 en 2019).
  • Lundi 22, troisième anniversaire de l’entrée en vigueur (22 janvier 2021) du Traité des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Ce traité est actuellement ratifié par 70 États (dont Autriche, Mexique, Afrique du Sud, Irlande, Nouvelle-Zélande, …) et signé par 93 autres. Dans une ère où les États jouent avec leur bouton atomique, plus que jamais il est nécessaire de renforcer le droit et le multilatéralisme. Malgré le siège vide laissé par la France lors du cycle de vie du TIAN à l’ONU en novembre 2023, ce traité bénéficie d’un soutien de plus en plus fort de la part de 80 villes (dont Paris, Lyon, Montpellier et désormais Poitiers, ..) et de 4 collectivités territoriales (Département de Seine-Saint-Denis, Assemblée de la Polynésie Française, la métropole du Grand Lyon, la région Bourgogne Franche-Comté). Rester muet aux interrogations de ces élues est faire preuve une nouvelle fois d’autoritarisme.
  • Mardi 23, à 16H (France), les experts du Bulletin of the Atomic Scientists révèleront, le nouvel horaire de l’horloge du Jugement dernier ou Doomsday clock. Une horloge qui est fixée chaque année pour symboliser à quel point la planète est proche du désastre nucléaire qui mettrait fin à la société telle que nous la connaissons. En 1991, cette horloge était à 17 minutes de minuit, en 2023 seulement 90 secondes…  

Pour Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France, « nous allons assister encore une fois à une ode à la dissuasion nucléaire qui serait la garantie de l’existence de notre démocratie. Alors que paradoxalement nous sommes face à une atteinte grave au fonctionnement des institutions, puisque le coût des programmes des futurs sous-marins nucléaires est totalement inconnu des parlementaires. L’attitude de la France concernant le TIAN est à la fois un manque de respect pour les 93 États engagés dans ce traité, comme pour les élues des 80 villes et des collectivités territoriales qui le soutiennent. »

Pour Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements et co. porte-parole de ICAN France « Alors que le président ne cesse d’appeler à un sursaut de notre démocratie, celle-ci ne cesse d’être désarmée. La thématique de la dissuasion reste taboue et comme nous l’avons montré, les débats au parlement sont régulièrement à huis clos et de façon majoritaire entre acteur pro-nucléaire. Si sa volonté est de réarmer la France, alors, il doit ouvrir le débat public avec des contradicteurs tant à l’ONU lors des réunion du TIAN que devant les français. »

 

Lire le communiqué de presse, 18 janvier 2024

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