Le 3 mars 2025, des parlementaires du Japon, de la Norvège, de la France métropolitaine et de la Polynésie française (en la présence du sénateur Guy Benarroche et de la Représentante Hinamoeura Morgant-Cross), de l’Italie, de la Belgique, de l’Allemagne, du Luxembourg, du Canada, de l’Écosse et de l’Autriche se sont réunis à New York aux côtés d’États parties, de représentants de la société civile et d’experts pour une conférence dédiée lors de la troisième réunion des États parties (3MSP) au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Cette réunion a réaffirmé le rôle crucial des législateurs dans la promotion des objectifs du traité et le renforcement des efforts internationaux en faveur du désarmement nucléaire.
Déclaration
Cher(e)s collègues,
En tant que parlementaires du monde entier, nous sommes unis par une conviction fondamentale : les armes nucléaires n’ont pas leur place dans notre avenir commun. Nous considérons le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) comme bien plus qu’un simple instrument juridique – c’est un appel à l’action, une feuille de route pour mettre fin à la plus grave menace existentielle qui pèse sur l’humanité.
Nous adressons nos plus sincères félicitations à Nihon Hidankyo, lauréat du prix Nobel de la paix 2024, ainsi qu’à tous les survivants de l’utilisation des armes nucléaires. Leur résilience, leur sagesse et leur engagement indéfectible, notamment dans l’éducation des jeunes générations, doivent guider toute discussion sur les armes nucléaires.
En tant que parlementaires, nous avons la responsabilité de protéger les populations que nous représentons. Or, les armes nucléaires ne protègent pas les populations. Leur utilisation entraînerait une dévastation catastrophique et incontrôlable, dépassant toute capacité de réponse humanitaire et déstabilisant la sécurité mondiale. Leur simple existence alimente la prolifération, exacerbe les tensions et accroît le risque de mauvaise interprétation ou d’accident.
Nous ne pouvons donc pas nous fier à la dissuasion nucléaire comme stratégie de sécurité. Fonder la sécurité nationale sur une menace constante et crédible d’utilisation effective d’armes nucléaires revient à jouer imprudemment avec la survie de l’humanité. Menacer une destruction massive va à l’encontre des intérêts de sécurité de l’humanité tout entière et rend la dissuasion nucléaire dangereuse, erronée et inacceptable.
Malgré des décennies d’engagements juridiques et de promesses politiques, les États dotés de l’arme nucléaire insistent sur le fait que le désarmement doit attendre un « monde plus stable ». Mais l’humanité ne peut plus attendre.
La réalité géopolitique souligne l’urgence de mettre en œuvre et d’universaliser le TIAN. Loin d’assurer la sécurité, les armes nucléaires exposent le monde à un risque croissant – des menaces de la Russie d’utiliser l’arme nucléaire dans le cadre de son invasion illégale de l’Ukraine à un ministre israëlien suggérant de larguer une bombe nucléaire sur la bande de Gaza en passant par les menaces de reprise des explosions nucléaires, à l’extension des accords de partage nucléaire en Europe, en passant par la modernisation des arsenaux dans chaque État doté d’armes nucléaires. Une rhétorique imprudente sur l’utilisation de « petites » armes nucléaires et d’armes tactiques a abaissé le seuil du recours à l’arme nucléaire et nous a rapprochés, plus que jamais depuis la guerre froide, d’une catastrophe.
Et pourtant, au lieu d’affronter ces risques, un petit nombre de gouvernements persistent et signent – renforçant leur dépendance à la dissuasion nucléaire, formulant des contre-menaces et allouant toujours plus de ressources à ces armes de destruction massive. Une telle stratégie est vouée à l’échec.
L’humanité ne peut coexister avec des armes inhumaines. L’inhumanité ne doit pas être combattue par plus d’inhumanité. La réponse à la violence nucléaire ne doit pas être plus de violence nucléaire. L’obscurité ne chasse pas l’obscurité, seule la lumière le peut. Ce sont celles et ceux qui ont survécu aux bombardements et aux expérimentations nucléaires – ceux qui portent encore les cicatrices de l’héritage des armes nucléaires – qui continuent de nous guider vers cette lumière.
En tant que parlementaires, nous nous engageons à renforcer le soutien au TIAN dans toutes les régions du monde à travers notre travail législatif. Mes collègues et moi avons présenté des résolutions et des motions visant à universaliser le Traité, et nous nous joignons à vous, États parties au Traité, dans la mission d’élargir son adhésion, d’accélérer les ratifications et de convaincre nos gouvernements d’agir.
Grâce à notre rôle essentiel dans l’examen et l’allocation des budgets, nous nous engageons à garantir que des ressources suffisantes soient allouées à la mise en œuvre de l’implémentation et l’universalisation du TIAN. Nous examinerons de près les dépenses militaires et plaiderons pour la réallocation des fonds alloués aux programmes d’armement nucléaire soient réaffectés pour répondre aux besoins humanitaires, pour des mesures de sécurité durables et des investissements dans le développement et la mise en œuvre de technologies modernes de vérification.
Quatre-vingt ans après le développement, les premiers essais d’armes nucléaires et les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, nous appelons nos collègues parlementaires du monde entier à signer l’Engagement parlementaire d’ICAN et à rejoindre cette mission. Les armes nucléaires nous menacent tous. Ensemble, en tant que communautés aux quatre coins du globe, aux côtés des gouvernements, de la société civile et des parlementaires, nous avons interdit les armes nucléaires – et nous les éliminerons.