DÉPENSES MONDIALES POUR LES ARMES NUCLÉAIRES EN 2022

La Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN) estime, selon son nouveau rapport 2022 « Gaspillage : dépenses mondiales pour les armes nucléaires en 2022″ « Wasted: 2022 Global Nuclear Weapons Spending » que les neuf pays dotés de l’arme nucléaire ont dépensé 78,84 milliards d’euros (soit 82,9 Mds $) en 2022 pour un arsenal nucléaire mondial de 12 500 armes nucléaires ; ce qui équivaut à 149 938 € par minute (soit 157 664 $/min).

Comparaison entre les années de 2020 à 2022 :

  • 2022 : 78,84 milliards € – 82,9 milliards $
      • 2021 :69,83 milliards €82,4 milliards $
      • 2020 : 60 milliards € 72,6 milliards $

Voir le détail des rapports pour les années 2021, 2020 et 2019

 

Chiffres clés par pays :

  • États-Unis :  41,55 Mds €, soit  79068 €/min, (43,7 Mds $, soit 83 143 $/min).

Les États-Unis possèdent 5 244 armes nucléaires utilisables à travers ses composantes terrestres, sous-marines et aériennes. Cet État est celui qui dépense le plus par rapport à tous les autres États disposant d’armes nucléaires et ce malgré une baisse de ses dépenses de 500 millions de dollars. Avec une dépense de 41,55 milliards d’euros, cela représente environ 5 % des dépenses militaires totales de ses en 2022.

  • Chine : 11,12 Mds €, soit 21 130 €/min, (11,7 Mds $, 22 219 $/min).

La Chine possèderait 410 armes nucléaires réparties à travers ses composantes terrestres, sous-marines et aériennes. Il n’existe pas d’informations publiques fiables sur les dépenses nucléaires de la Chine. ICAN estime que la Chine consacre 4% de ses dépenses militaires totales (soit 292 milliards de dollars s selon le SIPRI)  pour son arsenal nucléaire. La Chine aurait ainsi augmenté ses dépenses par rapport à 2021 de 710 millions de dollars.

  • Russie : 9,12 Mds €, soit 17 334 €/min (9,6 Mds $, 18 228 $/min)

La Russie possède 5 889 armes nucléaires utilisables via ses composantes terrestres, sous-marines et aériennes. En 2018 le SIPRI a révélé que les dépenses nucléaires représentaient environ 13 % des dépenses totales de défense au cours des dernières années (2010 et 2016). ICAN estime que les dépenses militaires russes en 2022 pour son arsenal nucléaire représentent environ 11 % des dépenses totales liées à la défenseLa Russie a dépensé en 2022 « seulement » 22 % de ce que les États-Unis ont dépensé et Moscou a augmenté ses dépenses de 551 millions de dollars par rapport à 2021.

  • Royaume-Uni : 6,46 Mds €, soit 12 339 €/min (6,8 Mds $, 12 975 $/min)

Le Royaume-Uni dispose de 225 armes nucléaires  utilisables à partir de son unique composante sous-marine. Le Royaume-Uni ne publie pas de coûts détaillés officiels pour son programme d’armes nucléaires. Un rapport de 2016 de la Campagne pour le désarmement nucléaire (CND) a calculé que le coût total du remplacement du programme de sous-marins nucléaires (nouvelle classe Dreadnought) serait de 205 milliards de livres sterling (soit 284 milliards de dollars). Nous pouvons observer une augmentation des dépenses pour les armes nucléaires de 614 millions de livres sterling (757 millions de dollars) par rapport à 2021.

  • France de 5,3 Mds €, soit 10 603 euros par minute

Cette dépense inclut entre autres les coûts annuels liés aux  ogives nucléaires, au renouvellement à mi-vie des missiles ASMP-A, des missiles balistiques M51. Il est important de noter que les coûts associés aux avions Rafale, qui sont les porteurs des ASMP-A, ne sont pas inclus dans le budget de dissuasion. Le nouveau projet de loi de programmation militaire pour la période 2024-2030 prévoit une dépense de 53,69 milliards d’euros (soit une moyenne de 7,69 Mds €) pour la mise en oeuvre de la modernisation et du renouvellement des forces nucléaires aériennes et sous-marines. Cette augmentation budgétaire montre une augmentation de près de 50 % par rapport à la LPM 2019/2025, démontrant une volonté de pérenniser les arsenaux nucléaires.

Pour Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France : « L’augmentation massive des dépenses nucléaires pour la France, sur ces dernières années, n’est qu’un début. En effet, ce gaspillage financier de 5,3 milliards en 2022 — soit plus de 10 000 € chaque minute ! —, pour un système d’armes aux nombreuses failles, va être augmenté de près de 50 % dès 2024, avec le vote de la Loi de programmation militaire 2024-2030. Près de la moitié des États membres de l’ONU ont signé ou adhéré au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) pour montrer le chemin de la sécurité globale. La France doit arrêter d’avoir peur de se confronter aux États qui refusent l’arme nucléaire, en participant comme État observateur à la seconde Réunion du TIAN qui se tiendra à l’ONU en novembre prochain. »

Pour Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements et co porte-parole de ICAN France :   « Les débats sur la Loi de programmation militaire ont montré une fois de plus l’absence de réflexion de fond sur la politique de sécurité collective à réaliser en ce XXIe siècle. Il est indispensable que le gouvernement et les parlementaires sortent de cette fausse croyance en la Bombe. Le monde change avec le dérèglement climatique et avec la prise de conscience des populations sur ces enjeux. Le ministre Lecornu a avoué que la dissuasion n’était plus consensuelle, alors il est temps d’engager un vaste débat sur ces plus de 14 630 € gaspillés chaque par minute à partir de 2024, selon la Loi de programmation militaire adoptée par l’Assemblée nationale.» 

  • Inde : 2, 56 Mds €, soit 4 927 €/min, (2,7 Mds $, 5 181 $/min)

Sur une base de devise constante, l’Inde a augmenté ses dépenses en armes nucléaires de 590 millions de dollars (46 milliards de roupies indiennes) en 2022. 

  • Israël : 1,14 Mds €, soit 2 116 €/min, (1,2 Mds $, 2 226 $/min)

Israël possèderait 90 armes nucléaires et serait en mesure de les lancer à partir de missiles terrestres, sous-marins et via sa force aérienne. En raison de l’absence de reconnaissance par Israël de la  possession d’un arsenal nucléaire, ICAN a utilisé un pourcentage moyen des dépenses consacrées aux armes nucléaires parmi les pays dotés, par rapport aux dépenses militaires totales pour évaluer les dépenses nucléaires d’Israël. Le SIPRI estime qu’en 2022, Israël a dépensé 23,4 milliards de dollars pour sa défense, ICAN estime que les dépenses pour le nucléaire militaire sont équivalentes à 5% de celles-ci.

  • Pakistan : 951 Mds €, soit 1 870 €/min, (1 Mds $, 1 967 d $/min)

Le Pakistan possèderait 170 armes nucléaires qui peuvent être lancées depuis des missiles terrestres, sa force aérienne et une capacité de frappe via des sous-marins est en cours de développement. Le Pakistan consacrait environ 10% de ses dépenses militaires à son arsenal nucléaire.

  • Corée du Nord : 560 millions €, soit 2 116 €/min, (589 millions de dollars, 1 161$/min)

La Corée du Nord possèderait 30 armes nucléaires et développerait des missiles capables de transporter des charges nucléaires, pouvant être lancés depuis la terre ou les sous-marins. L’estimation est réalisée sur la base  d’une estimation équivalente à 35 % de son budget national consacré à son arsenal nucléaire.

Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

En 2022, il faut rappeler que les États signataires du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) se sont réunis du 21 au 23 juin à l’ONU, Vienne, pour la première réunion de mise en œuvre de cette nouvelle norme juridique internationale. Un plan d’action et une déclaration « Notre engagement en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires » très fermes ont été adoptés ; créant une alliance mondiale, basée sur le TIAN, pour faire reculer les menaces nucléaires inacceptables et illégales et les risques de guerre nucléaire. Le plan d’action fournit une voie claire pour une action collective contre les armes nucléaires. Loin d’être un simple document qui donne un souffle positif, il s’agit d’une feuille de route conçue par les États parties en partenariat avec les survivants, les communautés touchées, la société civile et les organisations internationales, qui consiste en des mesures pratiques pour mettre en œuvre le TIAN. Ces actions comprennent le lancement d’un fonds d’affectation spéciale destiné à soutenir les personnes ayant souffert de l’impact des explosions nucléaires, la création d’un conseil consultatif scientifique, la fixation d’un délai de dix ans pour la destruction des armes nucléaires, l’adhésion d’autres pays au TIAN.

La France, elle refusa ce dialogue multilatéral en brillant par son absence, dans un contexte d’insécurité internationale renforcée. La seconde réunion des États parties au TIAN se tiendra du 27 novembre – 1er décembre 2023 au siège des Nations unies, New York ; ICAN France attend de la France et du président Macron une attitude responsable en participant comme État observateur à cette réunion.

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