Je m’intéresse aux effets des activités nucléaires depuis que je suis entré (2010) au lycée, du fait d’avoir été sensibilisé aux questions environnementales via, ce que nous nommons ici en Algérie les « clubs verts ». Mais ma pensée sur l’énergie nucléaire et ses usages ont commencé à la phase universitaire où j’ai travaillé sur les impacts des activités nucléaires, mon pays ayant été affecté, au Sahara (Reggan et Aïn Iker), par 17 essais nucléaires réalisés par la France dans les années 1960.
Sensibilisé par le sujet des personnes victimes de mines antipersonnel, suite à une rencontre avec le porte-parole, Mr Yousef Rafai, en Algérie de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel (ICBL) ; Mr Rafai m’a incité a participer à un projet, la ICAN Académie Francophone (2018), du fait de la proximité des campagnes (ICBL et ICAN) ; les actions de sensibilisation portant à la fois sur la réhabilitation de l’environnement et le sort des victimes (mines / essais nucléaires).
Participant à cette première Académie, avec un groupe de jeunes aussi venant du Maroc et de Tunisie, j’ai été marqué par l’importance du sujet et de la nécessité de relayer ces informations dans mon pays. De fait depuis mon retour en Algérie, j’ai décidé d’agir. Chacun peut agir et c’est sans doute le plus important, toute action à un impact. J’ai initié avec plusieurs associations (l’organisation nationale des étudiants algériens au sein de l’université de Chadli Bendjedid El Tarf ; l’association culturelle et récréative de complexes sportifs de proximité Bouhadjar) et militants actifs de la société civile algérienne des actions auprès de la presse, comme des réseaux sociaux pour sensibiliser aux dangers des armes nucléaires.
Dans un article du journal (Echourouk, n°6268, page 08) j’ai expliqué la demande de réforme environnementale dans les zones algériennes affectées par les essais nucléaires, que ce soit avant (1960-162) où après l’indépendance (1962-1966), ainsi que la loi Morin, une loi française (créée en 2010) qui porte sur l’indemnisation des victimes des essais nucléaires. Une loi qui ne prend pas assez en compte les victimes, en particulier les nouvelles générations qui ont souffert de modifications génétiques, provoquant des malformations congénitales et divers types de cancer.
Bien sûr j’ai insisté, sur la nécessité pour l’Algérie de ratifier le traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Un traité qui nous permettrait d’une part de travailler sur les zones d’essais nucléaires pour la réhabilitation de l’environnement comme aussi de faire pression auprès des banques et succursales européennes (notamment Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale, HSBC) qui peuvent contribuer à l’industrie des armes nucléaires. En effet, il me semble que ces banques contribuent à la fabrication et au financement international d’activités liées aux armes nucléaires.
J’ai également initié le projet de lancer une campagne Maghrébine contre les armes nucléaires avec de nombreux amis ayant participé (Azzedine Kibous du Maroc et Amel El Mejri de Tunisie) aussi à la ICAN Académie Francophone. L’objectif sera de mobiliser, d’attirer et de diversifier les actions contre les armes nucléaires et de promouvoir l’idée de l’abolition des armes nucléaires et de leurs risques et impactes sur l’environnement et l’être humain. La notion de la culture de la paix, pour vivre en toute sécurité et stabilité, devra aussi être au centre de cette campagne.
C’est pour la création de cette future tâche que je travaille aujourd’hui, avec l’ambition que toute la jeunesse algérienne et de l’Afrique du nord milite prochainement contre les armes nucléaires, pour la protection de l’environnement et pour une sécurité pour tous.
Bouaïcha Badreddine, bouaichabadri(@)gmail.com a une licence en biologie et écologie des milieux aquatiques et continentaux et un master Bio-ressources marines et hydrologie continentale. Il a rejoint de nombreuses organisations locales et nationales, dont la dernière est la Ligue Algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et actuellement l’Association de « construction de l’avenir de l’Algérie 2030 ».