La multiplication des menaces nucléaires, depuis le 24 février par la Russie, la poursuite des programmes de modernisation et de renouvellement des arsenaux par toutes les puissances nucléaires engagent plusieurs pays à rejeter les armes nucléaires, comme le montre 7 nouveaux États ce 22 septembre en ratifiant et en signant, lors d’une cérémonie au siège des Nations unies (New York), le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
Les menaces d’utilisation d’armes nucléaires proférées par la Russie ont accru les tensions, réduit le seuil d’utilisation et considérablement augmenté le risque de conflit nucléaire et de catastrophe mondiale. Devant ces risques inacceptables, de nouveaux États ont réaffirmé leur opposition aux armes nucléaires en rejoignant le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) lors d’une cérémonie officielle ce 22 septembre, en pleine Assemblée générale des Nations unies à New York.
Le Burkina Faso, la Guinée équatoriale, la Barbade, Haïti et la Sierra Leone ont décidé de signer le TIAN et de rejoindre cette nouvelle norme de droit international, entrée en vigueur le 22 janvier 2021. Les États de la République démocratique du Congo et de la République dominicaine ont déposé leur instrument de ratification du traité et deviennent ainsi État partie. Désormais, le TIAN compte 68 États membres et 91 signataires.
Le TIAN — complémentaire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) — est le seul traité qui interdit la menace et l’emploi (article 1) d’armes nucléaires, tout comme sa fabrication, son financement, etc. Lors de la première réunion de ce Traité (Vienne, 22/24 juin, ONU), les États membres ont condamné « sans équivoque toutes les menaces nucléaires, qu’elles soient explicites ou implicites et quelles que soient les circonstances ».
Pour Jean-Marie Collin, «Nous ne devons pas banaliser et normaliser les menaces nucléaires émises par Poutine en prétendant que ce n’est que du “bluff”. Si nul ne sait jusqu’où peut aller ce type de menace, nous connaissons par contre les potentielles conséquences humanitaires catastrophiques qui résulterait d’une détonation nucléaire. La dissuasion nucléaire est en soit une partie de “bluff”, car il est fait le pari que personne n’utilisera ses armes. Il est temps d’arrêter de miser la sécurité mondiale sur une table de poker. »
Pour Patrice Bouveret, « Emmanuel Macron qui condamnent avec juste raison les menaces d’utilisation de l’arme nucléaire exercées par la Russie devrait, d’une part, interdire les relations de la France avec l’industrie nucléaire russe Rosatom et, d’autre part, s’engager en faveur du désarmement nucléaire en manifestant son intention de rejoindre le TIAN et en invitant les autres puissances nucléaires à le faire en même temps. ».
À quelques jours de la « Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires » de l’ONU ce 26 septembre, notre Campagne appelle les acteurs politiques, les associations et la population à manifester leur opposition aux armes nucléaires.
Nous appelons les parlementaires — notamment ceux qui ont déjà manifesté leur soutien au TIAN et au désarmement nucléaire à organiser au sein des commissions défense et affaires étrangères de l’Assemblée nationale comme du Sénat, à la veille d’une nouvelle loi de programmation militaire, des auditions et des débats publics sur la politique de dissuasion (coût, respect du droit international, pertinence en termes de défense…) et sur les conséquences humanitaires en cas d’emploi d’armes nucléaires pour la population française et plus largement mondiale.