La 9ème Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), après quatre semaines de travaux, s’est achevée à New York le 22 mai par une absence de consensus sur le document final. Mais 107 États se sont engagés à travailler pour l’interdiction et l’élimination des armes nucléaires en approuvant « l’Engagement humanitaire ».
« Le résultat de cette 9ème Conférence d’examen du TNP, montre bien que l’Engagement humanitaire doit être à la base des négociations d’un nouveau traité visant à interdire les armes nucléaires », a déclaré Béatrice Fihn, directrice générale de la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires ICAN.
« Niant l’évidence de l’impact croissant des conséquences humanitaires de ces armes, les États nucléaires se sont bornés de manière aveugle, et sans succès, à leurs lignes passées », souligne Sylvie Brigot-Vilain pour ICAN-France, « encourageant par ailleurs, les États parties au TNP à s’engager dans des impasses diplomatiques inutiles car sans impact concret sur le désarmement nucléaire ; tel que le projet de Traité sur les matières fissiles, présenté par la France ».
La signature par 107 États de « l’Engagement humanitaire » — issu de la conférence de Vienne de décembre 2014 — représente le véritable résultat de cette conférence : un texte qui les engage à travailler à l’interdiction et à l’élimination des armes nucléaires. Basé sur les conséquences humanitaires de toute détonation d’une arme nucléaire et une reconnaissance de l’augmentation du risque d’utilisation de ces armes, « l’Engagement humanitaire » reflète un changement fondamental dans le discours international sur le désarmement nucléaire. Il signifie que la majorité des États du monde sont prêts à aller de l’avant vers l’interdiction des armes nucléaires, même si les États dotés d’armes nucléaires ne sont pas prêts à participer aux négociations.
L’ambassadeur de France Jean-Hugues Simon Michel n’a eu de cesse de répéter qu’« il n’y a eu aucune information nouvelle [sur l’impact humanitaire des armes nucléaires] depuis des décennies », rejetant ainsi aveuglément les conclusions des nombreux chercheurs, journalistes, lanceurs d’alerte, agences des Nations Unies ayant participé notamment aux différentes conférences sur l’impact humanitaire des armes nucléaires (Oslo, Nayarit et Vienne en décembre 2014).
C’est Israël, un État nucléaire non partie au TNP, qui a paradoxalement empêché l’adoption du document final pour la Conférence d’examen. Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont en effet déclaré refuser la proposition de date d’une réunion pour développer un Moyen-Orient libre d’armes nucléaires. Malgré tout même si ce Document final avait été adopté, il aurait été le plus faible en matière de désarmement de l’histoire récente du Traité.
« Il est évident que les États dotés d’armes nucléaires, et particulièrement la France, ne sont pas résolus à prendre de nouveaux engagements en faveur du désarmement », a déclaré Jean-Marie Collin, au nom d’ICAN-France, « alors c’est au reste du monde d’initier un processus pour interdire et éliminer les armes nucléaires à l’occasion du 70ème anniversaire des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki ».