L’agression de l’Ukraine par la Russie s’accompagne de menaces répétées d’emploi d’armes nucléaires par Vladimir Poutine. Ce faisant, cette menace d’utilisation est une notion qui tend à se banaliser dans les médias. Face à des risques nucléaires toujours plus hauts, qui ne peuvent-être écartés et dont les conséquences humanitaires seraient catastrophiques, des élus ont décidé de lancer un cercle informel de parlementaires pour engager des travaux de réflexion sur le nucléaire militaire et notamment sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Cette annonce a été faite à l’occasion d’une rencontre interparlementaire organisée à l’Assemblée nationale ce 26 octobre 2022. C’est la première fois qu’une telle initiative est prise par des parlementaires dans un État doté d’armes nucléaires.
L’actualité du nucléaire militaire est travaillée par deux mouvements contradictoires depuis plusieurs mois, entre menaces et banalisation du discours sur l’emploi d’armes nucléaires et actions diplomatiques internationales pour mettre un terme à ce danger. À ce titre, du 21 au 23 juin 2022, la première Réunion du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) s’est tenue aux Nations Unies (à Vienne), pour adopter un plan d’action et une déclaration d’engagement acceptée « en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires ». Cette rencontre diplomatique s’est accompagnée d’une rencontre de parlementaires de seize pays où étaient présents M. Pierre LAURENT, Sénateur de Paris et M. Mounir SATOURI, Député européen français, qui ont annoncé leur volonté d’établir un groupe d’amitié d’élus français sur le TIAN.
Ce mercredi 26 octobre 2022, sur invitation du député de Seine-Maritime Jean-Paul LECOQ, avec les élus présents à Vienne, une rencontre interparlementaire s’est déroulée à l’Assemblée nationale pour faire avancer la compréhension sur le TIAN et sur l’actualité du désarmement et de la non-prolifération nucléaire. M. Jean-Marie COLLIN, co. porte-parole de ICAN FRANCE, organisation prix Nobel de la Paix 2017, a apporté un état des lieux sur ce traité, et sur sa complémentarité avec les autres instruments juridiques de désarmement.
Ces échanges ont permis d’annoncer officiellement la création d’un « Cercle interparlementaire sur le désarmement nucléaire et l’interdiction des armes nucléaires » dont l’objectif global est « de rencontrer et d’interagir avec les acteurs du désarmement et de la non-prolifération nucléaires sur les questions notamment relatives au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ». Ce groupe permettra, dans la législature qui s’ouvre, aux parlementaires de continuer le travail mené ces dernières années, d’engager librement de nouvelles réflexions, de poursuivre les échanges avec la Campagne ICAN et de suivre toutes les actualités en lien avec la prolifération et le désarmement nucléaire.
Cette réunion fut l’occasion d’accueillir deux nouveaux élus avec la signature de l’Engagement parlementaire de ICAN France par les députés Hubert JULIEN-LAFERRIÈRE et Tematai LE GAYIC ; une signature dont s’est félicitée Jean-Marie COLLIN et qui « appelle les parlementaires de tous les groupes politiques qui s’interrogent sur les armes nucléaires à rejoindre ce cercle de réflexion ».
Engagés depuis de longues années sur ces sujets “défense et affaires étrangères”, les parlementaires organisateurs ont exprimé :
- pour Jean-Paul LECOQ, député de Seine-Maritime, Vice-président de la Commission des Affaires étrangères : «nous voulons pouvoir aborder librement tous les sujets à travers ce cercle, notamment la question du désarmement nucléaire qui est une obligation juridique internationale. La diplomatie parlementaire a tout son rôle à jouer face à ce péril atomique qui n’est plus acceptable. »
- pour Pierre LAURENT, Sénateur de Paris, Vice-président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées : « plus que jamais face aux périls actuels, la France doit prendre sa place comme État observateur du Traité pour l’Interdiction des Armes Nucléaires, et se rendre à la prochaine réunion prévue en novembre 2023 à New York. »
- pour Mounir SATOURI, Député européen français, membre de la Sous-commission Sécurité et Défense du Parlement européen : « cette première réunion sera suivie d’autres, pour qu’on rende à ce sujet du désarmement nucléaire l’importance démocratique qu’il a. Nous invitons toutes les forces politiques républicaines à nous rejoindre. La France, désormais seul État possesseur d’armes nucléaires en Europe, doit jouer un rôle décisif pour faire avancer le désarmement nucléaire. »
Contacts pour interview
- Collin Jean-Marie, ICAN France : jeanmarie@icanfrance.org
- Desmaret Simon, pour M Lecoq : jean-paul.lecoq@assemblee-nationale.fr
- Guerreiro Antoine, pour M. Laurent : p.laurent@senat.fr
- Mme Buytaert Aurélie, pour M. Satouri : mounir.satouri@europarl.europa.eu