Témoignages de victimes, sensibilisation et compréhension de la complexité des conséquences humanitaires d’une explosion nucléaire étaient au programme du troisième jour des travaux de la deuxième session du groupe de travail à composition non-limitée (OEWG). Cette session clôturait la première semaine de discussions au Palais des Nations, avant une reprise des échanges le 9 mai jusqu’au 13.
Deux survivantes des bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki : Setsuko Thurlow et Masako Wasa ont décrit leurs expériences et ont appelé à une élimination urgente des armes nucléaires. (Lire le témoignage de Setsuko Thurlow en anglais)
Le Docteur Ira Helfand de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) a rappelé qu’il n’y avait aucune garantie à ce que ces armes ne soient pas utilisées. Bien au contraire, le risque existe et augmente avec le temps, la question qui se pose n’est plus « SI elles sont utilisées » mais « QUAND ». Après être revenu sur des scénarios possibles de guerres nucléaires entre l’Inde et le Pakistan ou les États-Unis et la Russie, montrant ainsi leurs effets catastrophiques à l’échelle mondiale, il a souligné que le fait de posséder une arme puissante comme gage de sécurité a de tout temps été inscrit dans nos modes de pensée. Les armes nucléaires sont des instruments de projection de puissance et pour garder cette force les États ayant des armes nucléaires sont prêts à menacer la sécurité de leurs citoyens et de l’humanité.
Sara Sekkenes du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a dressé un constat alarmant sur l’état de l’action humanitaire et de l’aide publique au développement, notant que la communauté internationale est à la limite de ses capacités pour répondre aux besoins et enjeux actuels. La capacité de destruction potentielle d’une explosion nucléaire ne ferait que rendre la situation plus complexe et insoutenable.
Plusieurs États, dont l’Afrique du Sud, l’Equateur, l’Irlande, le Mexique, les Pays-Bas, et le Salvador, ont souligné l’importance de sensibiliser le public sur les conséquences des armes, notamment au travers de témoignages des Hibakusha, des actions de la société civile et des cursus scolaires dans les écoles et les universités. Le Salvador a appelé à la démystification des armes nucléaires en déconstruisant l’idée de leur utilité dans l’esprit du public, car elles détournent de l’argent qui pourrait servir à des projets de développement, et représentent une menace pour tous.
L’Autriche a rappelé l’importance d’informer le public et de ne pas limiter les discussions sur les armes nucléaires aux seuls cercles diplomatiques, étant donné l’étendue des conséquences humanitaires d’une explosion nucléaire et le rôle fondamental joué par la société civile. La déclaration du James Martin Center for Non-Proliferation Studies a fait écho à celle de l’Autriche en appelant à former les jeunes sur la non-prolifération et le désarmement. Il est essentiel que les personnels politiques bénéficient également de cette information, comme l’ont recommandé l’Autriche et Patricia Lewis.
Comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises, le CICR a rappelé que nous ne possédons pas la capacité nationale ou internationale de porter assistance aux victimes, ni aux personnes qui aideront les victimes, en cas d’explosion d’une arme nucléaire dans une zone peuplée.
La SGI a soulevé un point important ; les programmes de modernisation des armes nucléaires sont en contradiction avec l’article 26 de la Charte des Nations Unies.
Plusieurs pays ont soulevé le fait que le contexte actuel de tensions internationales n’était pas propice au désarmement. Mais ce sont justement ces tensions croissantes qui, selon le Mexique, font l’urgence d’un désarmement nucléaire. Et alors même que certains États tentent d’imposer l’idée que discuter du désarmement nucléaire sous l’angle des conséquences humanitaires créé des dissensions au sein de la communauté internationale, le Mexique a pris soin de rappeler que l’examen des conséquences humanitaires devraient précisément nous unir tous vers notre objectif commun de garantir la sécurité les populations.
Cette restitution des discussions qui ont eu lieu le mercredi 4 mai 2016 a été rédigée par les membres du comité de pilotage d’ICAN Youth qui ont participé au groupe de travail. La suite des discussions de la seconde session de ce groupe de travail, qui se tient jusqu’au 13 mai 2016, sera publiée au fil des jours. Vous pouvez retrouver les versions écrites et en anglais de certaines des déclarations mentionnées dans cet article sur le site de Reaching Critical Will.